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  • : PARLHOT
  • : Parlhot cherche à remettre l'art de l'interview au cœur de la critique rock. Parce que chroniquer des CD derrière son ordi, c'est cool, je le fais aussi, mais le faire en face du groupe en se permettant de parler d'autres choses, souvent c'est mieux, non ?
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19 décembre 2008 5 19 /12 /décembre /2008 00:50
Carbure au Carbon/Silicon















Celui qui chantait "Should I Stay Or Should I Go" en 81 n'a jamais raccroché sa gibson. Après The Clash, Mick Jones a monté Big Audio Dynamite et à la fin de cette aventure, en 99, il n'a pas attendu bien longtemps avant de se remettre en selle puisque dès 2002 il formait Carbon/Silicon avec Tony James, le bassiste de son premier groupe, London SS. The Last Post est le premier disque à l'ancienne issu de l'association de ces deux tontons flingueurs du rock. Avant, comme des jeunes, ils ont diffusé trois albums studios gratuitement sur le net. Alors, a plus de 50 ans, Mick Jones a-t-il passé l'âge de faire du rock, du vrai, du bon ? L'élément Carbon, car instinctif, de la paire Carbon/Silicon répond autour d'une bière et d'un bol de chips.




"Il y a un côté punk à prendre

du côté d'Internet"


"Ce monde ressemble de plus

en plus à Prison Break"




Bonjour Mick...
Bonjour. Dis-moi c'est bien Nicolas Sarkozy en couverture du magazine que tu tiens-là
(un ancien n° de Technikart, Nda) ?


Oui, mais c'est un fake, une satire...
Ça veut dire que tu veux faire une interview satirique avec moi ? Tu es journaliste politique ?


Non. Mais on peut parler de politique si vous voulez.
On peut parler de tout ce que tu veux.


Ok. La question n'est peut-être pas très politique mais que savez-vous de notre président, Nicolas Sarkozy ?
Pas grand-chose à part le couple glamour qu'il forme avec Carla Bruni. Elle, je l'ai récemment vu jouer sur la BBC. C'était marrant de l'entendre chanter avant Metallica. C'était deux mondes totalement différents !


Avez-vous suivi le déroulé des élections américaines ?
Oui, j'ai été tenu en haleine par le duel Obama/McCain. Et j'ai encore plus suivi les primaires démocrates qui étaient passionnantes. Je voulais vraiment entendre les discours d'Obama. Et j'ai eu la chance d'être à Portland quand il y a fait son meeting. Il était là devant 75 000 personnes, on se serait cru à San Francisco dans les années 60 !


Dans l'idée vous auriez acceptez de jouer à un meeting d'Obama ?
Tu veux dire comme Bruce Springsteen ? Il a joué à la dernière convention démocratique et ça ressemblait vraiment à un concert, donc pourquoi pas. En même temps le contexte me mettrait peut-être un peu mal à l'aise parce que finalement, même si je soutiens Obama, ma prestation serait instrumentalisée à des fins politiques, et ça fait bizarre de savoir ça. Donc je ne sais pas.


En parlant d'instrumentalisation, connaissez-vous la pub réalisée par la radio française Oui FM qui montre une photo d'époque des Clash avec cette phrase : "Ecoutez enfin un groupe qu'on ne compare pas aux Clash."
Je l'ai découverte aujourd'hui car je suis passé à cette radio. Elle était affichée en grand au mur et on m'a pris en photo dessous.


Que pensez-vous de son message, comme quoi le rock serait un tantinet bloqué dans le recyclage du passé ?
Je n'y souscris pas vraiment. Moi je vois de nouveaux groupes et de nouveaux styles émerger chaque jour. Après c'est sûr qu'aujourd'hui il est rare que ceux-ci aient le temps de se développer pour installer un vrai univers. Mais à la limite peu importe la durée et l'impact, il faut quand même se lâcher, écrire le truc tel qu'on le vit, avec les tripes, ne pas se préoccuper du succès, des médias, juste faire son truc.


Encore aujourd'hui, vous pensez donc, comme le dit le slogan de cette pub, que "Le rock est là pour changer votre vie" ?
Oui, parce que le rock est une question de croyance et qu'à mon avis le seul problème que le rock a aujourd'hui c'est que les gens n'y croient plus assez. Le rock si tu y crois dur comme fer, ça peut encore être subversif, ça peut être ce que tu veux. Aujourd'hui plus qu'hier grâce à Internet et les nouvelles technologies tout le monde peut s'exprimer librement. Il y a un côté punk à prendre là-dedans. Et cette liberté d'expression est une des dernières choses qu'il nous reste, donc il faut en profiter, il faut y aller, il faut faire rocker ce monde qui ressemble de plus en plus à Prison Break.


A Prison Break ?! Je crains de ne pas vous suivre...
Ce n'est pas grave (en fait il révélera plus tard qu'il faisait allusion au côté cryptié et confus du tatouage du héro de la série, Nda). Tiens, regarde ces chips violettes ! Elles me rappellent les chips de mon enfance. Elles étaient vendues avec un sachet de sel bleu. Goûte une de ces fleurs salées !


Merci. Santé ! Donc pour vous Mick le rock n'a donc rien perdu de son sel subversif ?
Bah subversion c'est un grand mot. C'est-à-dire que ça dépend de ce qu'on entend par là. Aujourd'hui la subversion du rock est ailleurs, elle a changé de camp. Parce qu'à la base la subversion du rock était basée sur le fait que c'était la musique que tes parents détestaient. C'était ça, un truc de gosse pour se rebeller contre ses parents. Or aujourd'hui que voit-on ? Les parents vont aux concerts avec leurs enfants. Maintenant à un concert de rock tu as trois générations. Minimum.


A vos concerts il y a des jeunes ?
Il y en a forcément parce que par exemple à Londres où on a pas mal joué dernièrement à chaque fois on avait programmé 4 jeunes groupes en première partie. Il n'empêche, j'ai bien vu que les jeunes présents aimaient beaucoup notre jeu de guitare et l'esprit qu'on dégage.


C'est tout ce qu'il vous reste j'ai envie de dire. Parce que c'est sûr qu'ils ne vont pas se raccrocher à votre look et votre coupe de cheveux !
Oui, mais de toute façon aujourd'hui l'image ce n'est plus important, ça ne choque plus personne, pas même les parents. Moi quand je vois un groupe de mecs rasés qui s'appelle Fucked Up ou Selfish Cunt, ça ne me choque pas.


Votre premier groupe avec Tony James s'appelait London SS. Vous aviez choisi ce nom pour choquer les parents ?
Oui, un peu. En tous cas, ça ne voulait pas dire qu'on était fasciste. En fait on trouvait surtout ce nom chouette parce qu'il sonnait un peu comme The New York Dolls. Ça nous aurait embêté de porter ce nom si on avait eu du succès, mais ça n'a pas été le cas car le groupe n'a duré qu'un an et on n'a jamais vraiment tourner ni sorti de disques. Aujourd'hui, avec le recul, on se dit que ce nom de groupe était vraiment stupide.



(Suite et fin.)



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16 décembre 2008 2 16 /12 /décembre /2008 23:31
The Next Bug Thing





"Notre musique fonctionne comme une sorte de monde parallèle"


"Plutôt qu'apocalyptique je dirais que notre album est chaotique"




 







On va parler de votre musique, j'y tiens. Mais avant toute chose j'aimerais qu'on parle image. Ca a l'air important pour vous l'image. En allant sur votre Myspace j'ai vu que aviez déjà réalisé 5 vidéos clips.
Samuel : On voit juste ça comme l'occasion de s'amuser un peu...


Ça ne vous intéresse pas plus que ça de faire des clips ?
Samuel : Non, honnêtement, pour nous ce n'est pas quelque chose de nécessaire, si on le fait c'est plus parce que notre label juge nécessaire d'en faire. La plupart de nos clips ne disent rien que nos ne chansons ne disent déjà, c'est juste des idées visuelles...
Andrew : On est d'ailleurs déçu de certains de nos clips.


Lesquels ?
Andrew : "Space and the Woods" est notre plus grosse déception. Il a été réalisé par Ian Emes, un type qui a beaucoup travaillé sur l'identité graphique de The Wall de Pink Floyd. En fait on voulait quelque chose d'assez arty pour refléter le fait qu'on utilise du vieux matos. Mais il a dit : "Je peux faire votre clip, j'en ai vraiment envie, mais j'ai besoin de 6 mois". Là-dessus notre label a dit : "Ok, mais tu as une semaine !"


Je vois le hic. Comment connaissiez-vous son travail ?
Andrew : On avait vu certaines de ses vidéos. Et puis on connaît sa fille qui fait elle-même des films d'animation. Un jour on lui a donc demandé si on pourrait rencontrer son père...
Samuel : Le travail autour de notre image, on prend ça comme l'occasion de nous amuser. As-tu vu le clip de "Focker" ?


Oui.
Andrew : On a fait ça avec très peu de moyens et c'était fun !
Ross : En comparaison, "Space and the Wood" a coûté 4 fois plus cher. Ca restait marrant à faire mais moins que "Focker" parce que lorsqu'il y a beaucoup d'argent en jeu, ça gâche le plaisir. Sur "Focker" il n'y a pas d'effets spéciaux, on a fait avec deux francs six sous. Andrew : Le montant qu'il y a sur ton compte en banques (rires) !


Qui a réalisé le magnifique robot en carton qu'on voit dans le clip de "Focker" ?
Andrew : C'est Dan Brereton, le réalisateur du clip. Il a dessiné le robot et c'est une fille dont je ne me rappelle plus le nom qui l'a construit. Et c'était fantastique. Le robot est animé par un type qui porte ça comme un déguisement et à la fin du clip il nous tabasse pour de vrai !
Sam : À chaque fois qu'on fait un clip on se fait maltraiter ! Pour celui de "The Bears Are Coming" on a dû se lever à 5h du mat' pour marcher dans la forêt et pour "Focker" on a passé une journée entière enfermé tous les quatre dans une petite pièce à devoir gigoter comme des fous et nous jeter littéralement sur nos instruments et contre les murs. En plus il y avait de la fumée. Ah, cette fumée ! Moi qui suis quasi asthmatique, je n'en pouvais plus. Et il fallait sans cesse qu'on refasse les scènes.


Y a-t-il une sorte de message dans le fait que ce robot vous tape, vous musiciens, vous humains ?
Andrew : Tu veux dire un message genre les hommes contre les machines comme il y en avait dans la science-fiction des années 60-70 ? Non, ce genre de choses c'est daté. C'est comme l'aéroport Charles de Gaulle. A l'époque son style architectural devait être jugé moderne et tout mais maintenant c'est daté. Mais ça reste tout de même beau, fascinant en un sens. Parce que les choses peuvent être simples, datées et frapper encore l'esprit.
Sam : Comme ces vieux films de SF : Le Mystère Andromède, 2001 Odyssée de l'espace, Solaris...


Dans le clip de "The Bear Are Coming" vous jouez avec les initiales de votre nom de groupe, le L, le O, le T et le P, comme si c'était des symboles ésotériques, mystiques. Ca m'a fait penser aux pubs que faisait Playstation il y a quelques années. Elles déliraient pareillement autour des 4 symboles de sa célèbre manette.
Samuel : C'est vrai qu'on les aborde nous aussi comme une sorte de schéma combinatoire un peu mystérieux. Notre logo est une fusion de ces 4 lettres. Ça donne quelque chose d'assez organique, sexuel...
Andrew : D'ailleurs on a dû avoir cette idée en regardant un film de cul (rires) !


Qui est l'auteur de votre logo ?
Andrew : C'est Samuel.


Moi quand je le regarde j'ai l'impression que la manière dont s'emboîtent le L, le O, le T et le P former un flingue !
Samuel : Un flingue ?!
Andrew : Ce n'est pas faux, mais alors un flingue tout zarbe dont on se demande comment il pourrait fonctionner


Un flingue de SF !
Andrew : Oui, forcément ! As-tu vu Krull ?


Non.
Andrew : C'est un vieux film d'aventure SF. Notre logo-flingue pourrait très bien s'intégrer dans ce genre de films où les héros ont tout un tas d'armes bien tordues ! On a un autre logo où les initiales de notre nom de groupe forment un triangle. L'idée de ce genre de logo c'est de permettre de mieux nous identifier et voilà, nous on va sortir notre deuxième logo pile poil au moment où les gens auront commencer à nous identifier avec notre premier logo (rires) !


Le style graphique de vos logos me fait penser au travail de Druillet, un dessinateur de SF français des années 70. Voici un recueil de certains de ses dessins.
Andrew : Wouah ! Ca ressemble à ce que fait Roger Dean, un artiste anglais de la même période qui a entre autre illustré des pochettes de Yes.


Alors ça te plait Druillet ?
Andrew : Carrément ! J'aime ce genre de BD, d'univers, je suis un gros geek. C'est pour ça que j'aime la scène musicale française. Beaucoup des groupes français que j'ai rencontré sont de gros geeks, comme l'est Erol, notre producteur. Erol, c'est juste un gros geek, un fou de musique. En ce moment nous tournons avec Breakbot, un parisien dont certains des morceaux sonnent un peu comme ce que fait le label Ed Banger, très disco, très cheesy. Et Breakbot, c'est aussi un gros geek. La musique et les geeks font bon ménage.


Et donc les geeks que vous êtes ne se préoccupent pas plus que ça de peaufiner l'univers visuel de leur groupe ? Quand on forme un groupe de musique et qu'on est des geeks j'imagine qu'on a toujours la tentation de proposer plus que de musique mais un véritable univers multimédia...
Samuel : Nous avons en effet plein d'images en tête, mais comme notre but c'est de déclencher l'imaginaire et qu'on estime que notre musique génère déjà en elle-même des images dans la tête des gens, on pense qu'on pourrait s'abstenir de faire des clips. Surtout que c'est dur de faire un bon clip. La plupart du temps quand tu en fais un tu dois te battre pour ne pas être redondant avec les images que la musique évoquent toute seule. En même temps tu dois réussir à ne pas être trop ambitieux, à ne pas vouloir exprimer avec le clip tout ce que tu as déjà voulu exprimer avec ta chanson, parce que voilà, ce n'est qu'un clip, il doit venir compléter la chanson. Or nous nous si on voulait vraiment être à la hauteur des images qu'on a en tête il nous faudra des budgets de fous, ce qu'on n'a pas, et ce ne serait peut-être plus des clips à l'arrivée mais des mini films. Peut-être qu'un jour on fera des films...


Votre The Wall !
Samuel : Peut-être pas aussi politique...
Ross : Quelque chose de plus arty et décalé à la Monty Python peut-être !
Samuel : Oui, mais voilà pour l'instant on fait de la musique et dans l'absolu, si on avait le choix on préférerait ne faire que de la musique et laisser l'imagination faire son travail parce qu'elle est plus puissante que n'importe quel clip.
Andrew : Notre musique fonctionne comme un monde en soi, une sorte de monde parallèle. Je pense que les réalisateurs sont conscients de ça et qu'ils le transcendent à travers leurs clips. C'est ce qu'a fait Saam Farahmand avec le clip de notre morceau "The Bears Are Coming" comme il l'a fait pour le clip de "Feedback", le dernier single de Janet Jackson
Sam : C'est étrange de parler du regard des gens alors que nous nous adressons plutôt à leurs oreilles. On est tellement immergé dans notre musique, son univers, que lorsqu'on en sort on est un peu étonné d'être perçu comme un groupe multi sensoriel. De voir que les gens captent eux aussi un peu de ce monde parallèle dans lequel nous baignons. Mais c'est bon signe, ça veut dire qu'on touche les gens sur plusieurs plans, auditifs, visuels, etc. On est super content de réussir ça à une époque où il est très dur de captiver les gens parce qu'ils sans cesse stimulés par 36 000 choses à la fois...


Là-dessus votre musique semble jouer la carte de la surenchère. Hyperactive, instable, elle incorpore telle un mash-up plein d'éléments en perpétuel changement. D'ailleurs en l'écoutant, je me suis à échafauder une hypothèse à son sujet et vous allez me dire ce que vous en penser. Mon hypothèse c'est que votre musique est le reflet d'Internet et de la manière dont il bouleverse les codes musicaux. Comme Internet votre musique est emphatique, boulimique, elle zappe et mélange tous les genres dans un même mouvement. Et je me disais donc qu'en un sens Internet agissait peut-être sur votre musique comme le LSD avait agi sur celle des Beatles à la fin de leur carrière, en la rendant monstrueusement psychédélique. Qu'en pensez-vous ?
Andrew : C'est une hypothèse intéressante mais à vrai dire nous ne sommes pas de gros utilisateurs d'Internet. On ne télécharge pas des tonnes de disques. Internet, on voit juste ça comme un outil générationnel, un truc qui à un moment nous a permis de mettre des démos de nos chansons en ligne.
Sam : Aujourd'hui Internet est dans tous les foyers, et c'est utile lorsque comme nous tu habites un petit village, car ça te permet d'écouter plein de choses, d'élargir ton horizon.
Samuel : Mais en même temps notre imagination n'a rien à voir avec Internet. A la limite, elle a plus à voir avec le fait de s'asseoir en plein milieu d'un champ. Enfin je dis ça mais en fait je trouve qu'un champ c'est aussi ennuyant qu'Internet. Tout ça c'est pareil. Et nous, tout ce qu'on fait on le fait pour lutter contre l'ennui.


Andrew, tout à l'heure tu évoquais l'écurie Ed Banger. Je trouve qu'il y a une sorte de lien entre votre album et celui de leur groupe phare, Justice, car vos deux disques véhiculent un côté odyssée ou opéra électro rock, comme s'il titillaient la notion de concept album.
Andrew : Vous ne pouvez pas dire ça en France, c'est un gros à ce qu'il parait !


La notion de concept album ?
Andrew : Oui !


Ça dépend avec qui tu causes !
Andrew : Je ne pense pas que notre album soit un concept album parce qu'il n'est soutenu par aucun concept précis. Il y a plusieurs petits concepts mais il n'y en a pas un gros.


Mais votre album raconte une histoire, non ?
Andrew : Si c'est le cas, c'est un hasard ! C'est juste que lorsque nous avons fini ces morceaux nous nous sommes demandés comment les organiser ensemble pour qu'ils forment un tout cohérent.
Samuel : Le truc aussi c'est que la plupart de ces morceaux datent d'il y a 4 ou 5 ans. Ils sont comme les différentes facettes d'une même histoire qui serait l'histoire de notre évolution en tant qu'individu, l'histoire de notre devenir en tant que jeune adulte, l'histoire de l'excitation qui nous habite encore en tant qu'adolescent et de toutes les émotions qui vont avec. Enfin, je ne sais pas. Cet album est si riche que je crois qu'on peut y voir ce qu'on veut.


J'ai l'impression que cet album sonne comme une apocalypse, mais une apocalypse grotesque, hédoniste...
Andrew : ça m'étonne toujours que les gens trouvent que notre album soit apocalyptique. C'est juste qu'il sonne comme la fin de quelque chose et le début de quelque chose d'autre.
Sam : Peut-être aussi qu'il reflète malgré lui cette période crise et de chaos dont on parlait tout à l'heure. Plutôt qu'apocalyptique je dirais donc de notre album qu'il est chaotique.




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16 décembre 2008 2 16 /12 /décembre /2008 01:34
The Next Bug Thing ?


J'ignore s'ils occuperont encore les esprits en 2009, mais si ces quatre anglais hauts comme trois pommes ont agité le circuit rock en 2008 avec la sortie de leur premier album, Fantasy Black Channel, ils ne l'ont pas volé. Car contrairement à ce qu'ont pu dire des petits malins pressés à l'idée de se farcir une "next big thing", la musique des Late Of The Pier n'est pas qu'un maelström barré jouant la carte de la barjitude à tout prix pour exciter une industrie en mal de nouvelles nouveautés. Leur disque est fou-fou puisque s'y télescopent, pillés, tous les genres et sous genres du rock, du hard à l'électro, du glam au psyché, mais il n'est pas une mascarade post "nu rave" à la Klaxons ou un autre péplum "technolo-geek" à la Justice. Tout en coloriant comme un sagouin, ce disque pirate contient des chansons. Le 8 octobre dernier, quelques minutes avant leur passage sur la scène du Grand Journal de Canal+, tout cela m'a donné envie de longuement converser avec Samuel Eastgate, alias Samuel Dust, le chanteur pas souriant, Andrew Faley, alias Francis Dudley Dance, le guitariste au cheveux longs, Sam Potter, alias Jack Paradise, le claviériste à gueule d'ange et Ross Dawson, alias Red Dog Consuela, le batteur rouquin.




"Notre motivation c'est de ne pas perdre notre excitation"


"Beaucoup de critiques jugent les groupes histoire d'amuser la galerie"




Bonjour Ross, bonjour Sam. Alors il parait qu'hier soir vous avez joué sur le plateau de l'émission Ce soir ou jamais. Comment c'était ?
Ross : Surréel !


Pourquoi ?
Sam : Hé bien pendant une bonne heure et demi les invités de l'émission ont débattu le plus sérieusement du monde de la crise économique et hop après ils ont invité un groupe de rock à venir jouer : nous !


Et il n'y a aucun lien entre votre musique et la crise économique !
Ross : Hé bien non, je ne pense pas ! Ça faisait donc un gros contraste. (Andrew arrive et s'installe bien en face du dictaphone.)


Bonjour Andrew. Bienvenue ! Nous parlions de la crise économique.
Andrew : Super ! En un sens la crise c'est bon pour nous car elle donne aux gens l'envie de s'évader, de se distraire. Et distraire les gens, les amuser, ça on sait faire. A part ça, je suis assez excité de voir ce qui va se passer. Ca peut être intéressant si tout le système économique se casse la gueule.


J'ai lu qu'à Londres les riches sont tellement flippés qu'ils se sont mis à faire leurs courses chez les hard discounts...
Sam : Oui, c'est triste.
Andrew : Mais je pense que c'est positif. Quelque chose de positif émerge toujours de ce genre de situation catastrophe. Plein de travailleurs vont quitter la City parce que des banques vont fermer et qu'il y aura donc moins de boulot, mais je me demande si les riches vont être touchés par la crise.
Ross : Les riches sortent leur argent des banques pour le mettre sous leur matelas. Moi il ne peux rien m'arriver : je n'ai que 60 pounds sur mon compte !


Vous n'avez pas l'air trop stressé avant de monter sur scène...
Andrew : On essaie de ne pas trop y penser...
Ross : C'est super de jouer à la télé française...


Pourquoi ?
Andrew : Parce que jusque-là chez vous, contrairement à la télé anglaise où on ne joue jamais live et où s'ennuie horriblement, on a joué live et il n'y avait pas un type pour haranguer le public, genre : "Allez amusez-vous, applaudissez !"


Pourtant chez nous aussi ça existe les chauffeurs de salle...
Andrew : Sans doute mais en tout cas il n'y en avait pas lorsqu'on est passé dans l'émission Ce soir ou jamais. La scène était belle, blanche, bien éclairée, les plans de caméras étaient supers, bien rythmés et personne n'était là pour dire à la foule de péter les plombs quand on arriverait sur scène. Ils ont juste dit : "Voici Late Of The Pier". C'était soft, smart.


Quelle chanson avez-vous jouée ?
Andrew : "Mad Dogs & Englishmen". D'habitude c'est une de nos chansons qui marche le moins en concert parce qu'elle est plus laid back et qu'elle fait moins appelle aux samples.


Vous ne vouliez pas trop chahuter le public de Ce soir ou jamais !
Sam : Je trouve ça dur de jouer à la télé parce que d'habitude quand on joue live on sent l'excitation de la foule, les gens se lâchent et toi sur scène tu sens cette énergie, et tu sais qu'elle est sincère. Quand tu joues pour la télé c'est moins le cas, l'excitation du public est plus mise en scène parce que tu ne joues qu'un titre, qu'il y a les caméras...
Ross : C'est vrai, mais apparemment hier soir le public de l'émission a semblé avoir vraiment aimé notre prestation. On a bien été applaudi.


Depuis quelques mois, comme votre premier album est enfin sorti, mais d'ailleurs le cas avant qu'il ne sorte, la presse ne tarit pas d'éloges sur vous. Comment vous vivez ça ?
Tous : Ça va ! (Samuel, le leader, vient d'arriver et se tient debout un peu à l'écart, visage fermé, sérieux)


Bonjour Samuel. Nous discutions du statut de "next big thing" que vous ont conféré les médias. Qu'en penses-tu ?
Samuel : Pour eux on est « the next big thing » depuis qu'on a joué notre première chanson live à Londres. Les médias disent ça à chaque fois, pour un peu n'importe quel groupe. Honnêtement, tout ça ne rime à rien, je pense que personne ne peut dire quel sera le prochain groupe qui va vraiment compter. A la limite être "the next big thing" c'est plutôt une tare, ça veut dire que tu ne seras jamais vraiment quelque chose, c'est un effet d'annonce qui te réduit au statut de nouveauté qui sera très vite remplacée par une nouvelle nouveauté. Les médias disent juste ça pour vendre du papier !
Andrew : Ce qui est marrant avec cette appellation de "next big thing" c'est que d'un côté si tu n'es pas "the next big thing" ça veut dire que tu n'es rien, que tu n'existes pas, mais d'un autre côté si tu es "the next big thing" ça veut dire que tu seras dépassé dans deux mois. Tout cela est très paradoxal et montre bien l'absurdité de la chose...


On est d'accord...
Andrew : Nous notre motivation numéro une en ce moment, comme nous sommes encore très jeune et qu'on continue d'apprendre, c'est de tout faire pour ne pas perdre notre excitation et notre plaisir à faire ce qu'on fait. Surtout que c'est en nous faisant plaisir qu'on pourra faire plaisir aux gens. Pour nous c'est dans ce sens-là que ça marche, pas l'inverse. Et c'est super important pour nous cette notion de plaisir à entretenir car on se lasse vite des choses. On a toujours besoin de rester en mouvement si on s'ennuie. Pour faire nos concerts, on n'a pas de budget en or, on a juste un peu d'argent et des idées, mais voilà ça semble marcher. Ça plait aux gens, ça les excite. Donc voilà si c'est cela être "the next big thing", pourquoi pas. Tant que les gens sont excités par ce qu'on fait au point d'avoir envie d'en savoir plus sur notre musique, c'est bien.
Sam : En France on est signé chez Because Music mais pour le reste du monde on est chez Emi, donc on ne sait pas trop comment on est perçu en France, mais on en a eu un petit aperçu la dernière fois qu'on est venu à Paris pour deux jours de promo. Les journalistes qu'on a rencontrés ici étaient vraiment enthousiastes.


Parce qu'ils rencontraient la "nouvelle sensation" anglaise !
Sam : Non, on les sentait vraiment intéressé par notre musique. C'était des mecs de 40-50 ans, des types très intelligents. Ils nous ont posé les meilleures questions qu'on ne nous ait jamais posées.


Quel genre de questions ?!
Tous : (rires)
Sam : Ce n'était pas vraiment des questions, plus des thèmes de discussion, du ressenti...
Andrew : Je ne sais pas trop ce qu'il en est en France mais en Angleterre, la plupart des journalistes de presse écrite ne veulent pas parler de musique. Si tu es une célébrité ou une personnalité, c'est de toi qu'ils veulent parler.


Cette dérive people touche aussi la presse française, mais pas trop notre presse rock parce que comme le rock n'est pas notre culture populaire, mais celle des pays anglo-saxons, chez nous ça reste quelque chose de fort, d'artistique. En général lorsqu'on parle de rock on parle donc de la musique, de l'œuvre en elle-même.
Andrew : Je vois. En tous cas c'est ce genre d'expérience qu'on a eu lorsqu'on venu donner des interviews à Paris. On s'attendait à être interviewé par des jeunes rédacteurs de webzines fascinés par le fait qu'on soit "the next big thing", mais non on a plutôt été interviewé par des mecs qui sont dans le métier depuis près de 30 ans et qui ont écrit en temps réel sur les décennies musicales dont nous nous inspirons. Et ces mecs nous disaient : "Bon Dieu, votre musique me met sur le cul !"


Mais comme vous êtes un peu partout glorifiés comme "the next big thing", certains journalistes font de vous leurs têtes à claques préférées. Ainsi je connais un journaliste français qui vous a dégommé en vous décrivant sommairement comme un vulgaire mélange des Klaxons et de Simple Minds. Qu'en pensez-vous ?
Samuel : Hé bien je me demande bien laquelle de nos chansons il a pu écouter pour penser cela ! Ou quelle partie de quelle chanson ! Que dire ? Beaucoup de critiques de presse écrite sont payés pour juger les groupes histoire d'amuser la galerie. Je trouve ça dommage. La musique ne devrait pas être traitée comme ça. Ce journaliste dont tu parles, il n'a pas compris qu'on cherche juste à s'amuser. Il nous a jugé super sérieusement, du haut de son super cerveau de critique qui sait si bien trier le bon grain de l'ivraie. Les critiques font surtout ça en Angleterre. Les gens qui nous aident sont ceux qui ne nous jugent pas à la première impression. Erol Alkan, notre producteur, nous connaît depuis un an et il ne nous a jamais jugé. Le truc c'est que notre musique est dure à capter au premier abord. Il faut l'écouter à plusieurs reprises pour pouvoir vraiment rentrer dedans.



(Suite et fin.)


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13 décembre 2008 6 13 /12 /décembre /2008 19:22
Next Bug Thing ?


"L' intérêt d'aujourd'hui ne connaît que l'intéressant. Et intéressant veut dire : ce qui permet à l'objet en question de redevenir indifférent l'instant d'après et d'être remplacé par un autre qui nous concerne tout juste aussi peu que le premier. Aujourd'hui l'on estime souvent honorer beaucoup une chose en la jugeant intéressante. En vérité, un pareil jugement abaisse la chose intéressante au niveau des indifférentes et il la repousse parmi celles qui bientôt seront ennuyeuses." Voilà comment en 1952 Heidegger définissait ce que des années plus tard le NME nommerait "the next big thing", soit, en français, "la nouvelle sensation". Cette année, dans cette catégorie, nous avons eu Vampire Weekend et MGMT dont je vous ai déjà parlé. Place maintenant au cas Late Of The Pier.


Ces 4 anglais réunis depuis 2005 sous la bannière LOTP ont été buzzés comme pas permis en amont et en aval de la sortie en août de leur premier album, Fantasy Black Channel. Parce qu'ils sont jeunes, mignons, facétieux, que leur musique, gonflée et composite, revêt, en apparence, les attributs d'un phénomène sans précédent, et que voilà en Angleterre ça fait des décennies qu'on ose signer de gros chèques à des post pubères pour qu'ils montrent au monde ce qui se passe dans le corps et l'âme de sa jeunesse par la voie de guitares, basses, batteries. On appelle ça la pop ou le rock. 50 ans ont passés et tout cela nous reste globalement étranger. En France je veux dire. Tout ça pour dire que cette histoire de « next big thing » est lourde de soupçons pour notre beau pays qui a toujours su habilement distinguer l'art du bizz. Alors quand ces LOTP débarquent auréolés du statut de "next big thing" je me méfie. Je me dis qu'on cherche encore à nous faire passer des morveux pour des Mozart post-moderne. Parce que en plus leur dossier de presse les présente comme la relève du "phénomène" 2007, à savoir les Klaxons. Et vous vous rappelez de ce groupe et de leur soi-disant "nu rave" ?


J'aurais donc pu en rester là, campé sur mes a priori et sortir plumes et goudrons, excité de tenir une belle baudruche marketing justifiant le passage à tabac. Mais je devais reconnaître que la première écoute du disque, si elle ne m'avait pas tout à fait convaincu, ne m'avait pas non plus laissé indifférent. J'avais pris un certain plaisir à me faire chahuter par cette sorte de mash up musique épique et hyperactive évoquant tout à tour Queen, Bowie, Muse, Marylin Manson, Justice, Daft Punk, Gary Numan, Slades, Sex Pistols, Of Montreal et même Ima Robot, des américains qui avaient fait sensation fin 2003 avec un premier album éponyme sous estimé qu'on trouve aujourd'hui pour une boucher de pain chez les disquaires d'occasion. J'ai donc réécouté l'ovni. Et passé le vertige du premier contact, au fil des écoutes j'ai découvert que tout ce bazar trash, cosmique, dark et cheesy s'emboîtait. Je ne voyais plus les briques, mais le mur. En un mot j'ai vu les chansons émerger. Je ne savais toujours pas par quel côté les prendre, mais une chose est sûre : elles me prenaient de tout côté, me fracassant la tête et donnant furieusement envie de me démembrer sur un dancefloor. Dans sa fusion d'emprunts plus ou moins inconscients à la grande mémoire pop, du hard au glam, de l'electro au psyché, c'est comme si la musique des LOTP fonctionnait à l'image du web 2.0., faisant tourner des algorithmes en surchauffe, zappant sans fin entre tout et son contraire. Je leur ai d'ailleurs exposé cette théorie en interview. Trop performative, démonstrative, orgiaque, cette musique n'est donc pas destinée à être écoutée en boucle, mais dans son élan fourre-tout a quelque chose d'euphorique et de salvateur. Car, pardon du jeu de mots, mais il fourre, nique et n'est-ce pas parfois le propre de "l'art" de déborder sauvagement de formes et de couleurs ?


Je ne tomberais donc pas dans le piège de mépriser la musique des Late Of The Pier. Au-delà du déballage théorique, j'aime son foisonnement, maladresses et fulgurances incluses. Bien sûr on pourra toujours me dire qu'elle est jeune, naïve, qu'elle fait partie du Spectacle avec un grand "S" et alors ? Elle n'est le Spectacle. Dernièrement j'ai lu dans Libé un article éclairant à ce sujet. Il parlait de Jacques Rancière, à l'occasion de la publication de son dernier livre, Le Spectateur émancipé. Le "mouvement de pensée" de ce philosophe a toujours consisté à prendre "le parti des ignorants, des incultes, des incapables et de tous ceux qui sont décrétés tels". Et il disait qu'il faut sortir de la critique facile du spectacle parce que "la critique du spectacle est un maillon du spectacle". "Le problème n'est pas d'opposer la réalité à ses apparences. Il est de construire d'autres réalités". Enième "next big thing" par la force des choses, LOTP s'y essaie. The show must go on.



(Suite.)


 

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11 décembre 2008 4 11 /12 /décembre /2008 01:03
Manitoba ne répond plus

 





"Je me fous des baffes tous les matins au réveil…"

 

"Ma mère était une violoniste de haut vol… "

 







Bashung et vous êtes de cette génération qui a vu naître le rock. Pourtant, votre musique et votre discours semblent dire que vous n'êtes pas un "enfant du rock" comme Bashung. Comment cela se fait-il ?

Moi je me fous des baffes tous les matins en me réveillant parce que j'ai raté toute ces années-là. J'aimais les Stones bien sûr et comme tout le monde les Yardbirds et tout le bazar, mais ça c'était quand j'avais 16-18 ans, la période des boîtes, du scotch et des filles. Mais après, tout de suite, j'ai commencé à travailler et je n'écoutais plus rien. Je me souviens, j'étais déjà chez Pathé Marconi, il y avait tout le monde, j'aurais pu prendre un avion avec je ne sais qui pour aller voir Cartney par exemple quand il venait à Paris. Mais je n'ai jamais foutu les pieds à l'Olympia, je n'ai jamais fait un mètre dans un couloir pour aller ouvrir une porte et regarder je ne sais qui. J'étais complètement imbécile ! Complètement imbécile ! Je le regrette énormément, mais j'étais dans mon truc, La Mort d'Orion, tout ça, j'étais dans mon truc !

 

Vous aviez quel âge ?

Je devais avoir votre âge ou peut-être un peu moins, je ne me rends pas compte, mais voilà à cet âge-là on se fout parfois de ce qui s'agit au dehors, on est dans son truc ! Moi il aurait fallu que j'ai un copain de mon âge qui me dise : "Gérard, enfin, t'es complètement débile ! Tu ne fais pas trois mètres pour aller voir Cartney ! T'as machin qui prend son avion pour aller le voir et tu ne montes pas avec lui !"

 

Et vous n'avez pas eu ce copain ?

J'en ai eu qu'un qui l'a un peut fait, mais pas à ce point-là, c'était un dénommé Lancelot. Il allait en Californie, il voyait tout le monde et de temps en temps on en parlait et il se foutait plutôt de ma gueule. Mais voilà il ne m'a jamais dit : "Gérard, demain matin je vais voir untel à San Francisco, alors fais ton sac, tu montes dans l'avion avec moi !" Non, jamais il ne m'a dit ça. Et donc comme j'ai quand même un certain caractère, je l'envoyais chier. Et puis après j'ai travaillé pendant des années au Studio de Milan, puis j'ai beaucoup voyagé donc je n'ai pas vu le truc passer. "Ring my bell" et tout ça, je l'entendais aux Philippines mais pas à Paris. J'ai produit un ou deux albums à Londres, à la belle époque, mais à part ça je n'y allais pas. Blondie, j'aurais dû aller voir ça à Londres, mais ça ne m'est même pas venu à l'esprit. Maintenant je suis à genoux quand j'entends ça !

 

Ah oui ?

Mais oui ! La chose importante et que vous avez du mal à réaliser c'est qu'à l'époque les médias étaient très différents. Il y avait très peu d'émission là-dessus. Surtout en France. En France c'était Michel Drucker, c'était Bouvard, c'était Dalida, voilà, toute la daube française absolue ! Ce n'était pas du tout le marché international. Alors qu'aujourd'hui il y a des articles sur ça tous les jours. Mais par exemple Pink Floyd, qui était quand même monstrueux dans l'univers musical des années 75-78 et bien on trouvait leurs disques à la Fnac, point final. Il n'y a jamais eu une émission de télé sur Pink Floyd, ni un mot sur eux dans un quotidien quelconque, il y avait juste un papier de temps en temps dans Rock&Folk, voilà.

 

Cette rareté devait rendre cette musique d'autant plus fascinante ?

Non, mais ce que je veux dire, c'est que ce manque de sollicitations explique pourquoi ça n'a percé ma gangue. Parce que je n'avais plus 20 ans, je bossais. Le matin je me tirais et j'avais d'autres trucs en tête. J'étais dirigeant de société au Studio de Milan, je devais m'occuper des clients, du matériel, de la production, de mes albums, de la vie de famille, un million de trucs. Et puis après comme je disais j'ai beaucoup voyagé.

 

Du coup vous apparaissez comme un enfant de la génération d'avant. Vos maîtres, dites-vous, sont Bonnard, Poussin, Hugo, Zola…

Oui et toutes ces choses n'ont plus de référents. Prenez La Faute de l'abbé Mouret de Zola ou d'autres très beaux textes : quand moi j'avais 10 ans et que je me promenais dans la campagne, j'étais dans Zola ! Aujourd'hui on se promène dans la campagne, on n'est plus du tout dans Zola. Les mecs qui ont 20 ou 30 ans aujourd'hui n'ont pas connu ça. C'est donc compréhensible que ces textes les fassent chier.

 

En même temps on pourrait croire qu'aujourd'hui cette littérature est d'autant plus fascinante qu'elle parle d'un monde qui n'est plus, qu'elle est dans la fiction, l'abstraction…

Peut-être que ça fait ça pour certains, mais il fut un temps où ce n'était pas une fiction.

 

Au départ vous vouliez intituler votre nouvel album Comme un lego. Mais vous n'avez pas pu car vous aviez déjà cédé la chanson du même nom à Bashung pour son album Bleu pétrole. Du coup il était question qu'il s'appelle Le Pays de la liberté, qui est le titre d'une de ses chansons. Pourquoi avez-vous donc finalement décidé de l'appeler Manitoba ne répond plus ?

En fait dès le départ j'avais aussi cette idée-là en tête. "Manitoba ne répond plus" ce sont quelques mots issus de la chanson "O Amazonie". Et à la base, ces mots font référence à une BD d'Hergé qui porte le même nom. En la retrouvant chez moi, j'ai tout de suite eu un coup de nostalgie. Cette BD c'est comme mes espadrilles d'il y a 40 ans, comme ma musette quand j'allais à la pêche ou ma première boîte d'aquarelle. Je me suis donc dit que je serai très à l'aise de parler de ça dans les interviews. Parce qu'en appelant cet album Manitoba ne répond plus, je montre une fois de plus que je suis toujours rattaché au passé. Aux années 50.

 

J'ai lu dans Rolling Stone que vous aviez rejeté l'idée d'appeler votre disque Le Pays de la liberté de peur qu'on ne vous pose trop de questions sur la France d'aujourd'hui. C'est vrai ?

Oui, il se trouve qu'en 48h, il y a quelques personnes qui m'ont posé des questions de ce genre. Mais si je n'ai pas gardé ce titre, c'est plus parce que je le trouvais trop proche de La Vallée de la paix et trop simpliste aussi. Il n'ouvrait pas l'imaginaire. Quand j'ai dit que j'allais finalement l'appeler Manitoba, tout le monde a été ravi !

 

En effet ce qui est bien avec Manitoba, c'est que ça évoque une sorte de contrée inconnue, une sorte de pays exotique, un paradis perdu. Et voilà, on y est, car qu'il y a-t-il de plus Manset que le paradis perdu ?

Exactement. D'ailleurs, dans sa BD, Hergé donnait lui déjà cette consonance parce qu'il situait Manitoba en Océanie alors qu'à la base c'est une province canadienne. Aux gens qui l'ignoraient ils donnaient donc l'impression qu'il s'agissait d'une destination paradisiaque.

 

J'ai l'impression que vous avez donné la même consonance à votre nom de famille. Parce qu'en 1972, vous avez choisi de ne plus inscrire votre prénom sur vos pochettes de disques mais seulement votre nom. Pour ceux qui ne savaient pas que Manset était votre nom, Manset a donc pu apparaître comme le nom d'un pays imaginaire ou d'une destination paradisiaque. C'était ça l'idée ?

Je n'aime pas le côté état civil du nom-prénom. Mes albums et la vie de tous les jours sont des mondes différents. Quand on croise des gens dans la rue (le boucher, le charcutier, la famille), on est quelqu'un et quand on fait un machin comme Obok on est quelqu'un d'autre. Je regrette de ne pas avoir de pseudonyme pour que ce ne soit pas plus codé.

 

Supprimer votre prénom de la surface de vos pochettes de disques c'était donc une manière de décrocher de l'humain ?

Oui, un minimum. Ça me rappelle une anecdote : il y a quelques jours un copain m'a envoyé un texto. Il venait de recevoir l'album et il m'a écrit : "Manset Airline" (rires) ! J'ai beaucoup aimé ce "Manset Airline" (rires) !

 

A propos de nom de famille, parlons famille. La votre compte-t-elle des artistes ?

Pas vraiment, mais l'année dernière j'ai sorti Les Petites bottes vertes, un livre dans lequel je disais 2-3 trucs sur ma famille. Ma mère était violoniste. Elle n'a pas fait carrière, mais jusqu'à son mariage et ses premiers enfants, elle était dans la veine des quelques violonistes de haut vol. Et puis son frère était violoncelliste, et sa sœur jouait du piano. J'ai donc été un peu élevé dans ça. Petit, j'entendais du Chopin, pas grand-chose, mais c'est des sortes de pointillés très très importants. Surtout qu'après mon frère aîné m'a abreuvé de musique classique. Donc voilà, c'est pour ça que je suis dans la veine Beethoven. J'ai plein de pièces magistrales en tête dont je connais chaque mesure. D'ailleurs, j'en ai déchiffré certaines pages.


Ecoutez-vous toujours de la musique classique ?

Ah non, jamais. Enfin, je dis jamais, il m'est arrivé de réécouter un peu Chopin mais très peu. Par hasard, j'en entends parfois quand je regarde un film sur Arte. D'ailleurs je m'interroge : "C'est qui ? Quel concerto ? Quelle symphonie ?" Mais non, je ne réécoute pas trop tout ça parce que ça me rattacherait trop à un passé révolu. On ne peut pas refaire une éducation musicale qu'on n'a pas eue. Et comme il y a de moins en moins de gens qui ont cette éducation, pratiquement plus personne, j'éprouve un malaise à me replonger là-dedans. C'est comme si c'était une planète d'une merveilleuse beauté mais définitivement inaccessible.

 

Réécouter cette musique vous fait plus de mal que de bien ?

Mal, ce n'est pas le mot, mais oui, c'est un peu désespérant que le monde ait changé de sorte que ces choses-là ne soient plus.

(Suite.)

 


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8 décembre 2008 1 08 /12 /décembre /2008 01:06
Amor de honte














Après deux albums biberonnés au rock de stade écoulés à plusieurs millions de copies et un album d'inédits et de faces B, les Killers entament le deuxième chapitre de leur jeune carrière. Sur Day & Age, assistés par le producteur du Confessions on a Dancefloor de Madonna, ils s'aventurent cette fois dans un pan plus dansant et minimal des eighties. Mais tuent-ils toujours ?


Depuis quelques années, disons 3 ans, après essoufflement de la vague du "retour du rock", une autre lame de fond, plus profonde, s'est mise à traverser et reformater le rock. L'effet Damon Albarn et Gorillaz ? Timberlake et Timbaland ? Myspace et YouTube ? Plein de groupes se sont ouverts à d'autres sonorités. En 2006, Muse, qui déclare vouloir faire un morceau mêlant R&B et opéra italien pour sur son prochain disque, avait sorti un single très disco-funk-Prince et un album étonnant aux sons proches d'ABBA. On a ensuite retrouvé cet axe "synthé cheap dancefloor" chez MGMT, Keane et Kaiser Chief. Le prochain Franz Ferdinand devrait lui aussi s'inscrire dans cette veine et intégrer des guitares maliennes. Car voilà d'un autre côté on a également pu observer une percée de la vibe africaine chez d'autres groupes, tels Thee Stranded Horse, Syd Matters, Yeasayer, Dirty Projectors, Vampire Weekend et même Coldplay. La bande à Chris Martin a aussi collaboré avec Jay-Z. Les Kaiser Chiefs voudrait à leur tour collaborer avec Jay-Z. Après avoir produit les Hives, Pharell Williams souhaiterait produire les Strokes. Chris Cornell a fait appel à Timbaland. Kayne West a collaboré avec Daft Punk. Muse a collaboré avec The Street. The Script est présenté comme "la rencontre de U2 et Timbaland". Bref, on ne compte plus les alliances de ce genre, qui montrent une chose : les lignes bougent. Le rock se débride et rompt avec son dogme "indie", son côté cuir serré, blanc de chez blanc. Malgré un disque psyché-folk signe d'un certain changement, seul Oasis refuse de collaborer.


Le rapport avec le nouveau Killers ? Il s'inscrit en plein dans ce contexte. Oui, même le combo de Las Vegas qu'on savait fièrement campé sur sa tambouille tubesque à base de U2, Queen, Duran Duran, Cure, Bruce Springsteen, New Order et Depeche Mode, même ce vénérable tribute band qui s'ignore a changé son fusil d'épaule. D'ailleurs, si coupé du monde moderne on n'avait pas eu vent du single "Human", déjà très révélateur, en soit, d'une certaine réorientation musicale, quand on voit la pochette de Day & Age on est d'emblée mis au parfum qu'il y a de la nouveauté dans l'air. Elle dévoile un décor impressionniste aux couleurs pastels, un paysage lunaire à cheval entre jour et nuit, entre "Jingle Bells" et savane africaine. On comprend alors qu'on a quitté l'imagerie anglosaxone développée sur Hot Fuss et Sam's Town. Enclenchée dans le lecteur, l'écoute de la galette confirme : les Killers nous conduisent bel et bien dans un voyage vers d'autres facettes d'eux-mêmes. A la première écoute on sera étonné de les voir jouer un rock tropical à la Wham!/Philippe Lavil ("Joy Ride", "I Can't Stay"), étonné encore de les voir verser dans l'euro-dance à la ABBA/Madonna ("Human", « The World We Live In »). On sera aussi quelque peu rassuré de découvrir qu'ils fournissent encore du Killers tout craché, des morceaux synth-rock où parle leur amour des cuivres à la Cure ("Losing Touch"), de la basse à la New Order ("Spaceman") et de l'élan théâtral à la Queen ("A Dustland Fairytale", "This Is Your Life", "Neon Tiger"). Et à la fin on sera de suite conquis par la lente avancée noire, glaciale et stellaire d'un "Goodnight, Travel Well" en forme d'apothéose parfaite. Mais au fil des écoutes on jubilera de s'apercevoir que tout s'enchaîne sans heurts et que Day & Age n'est pas moins bon que ses prédécesseurs.


The Killers ne s'est jamais considéré comme un groupe d'indie rock. David Keuning, le guitariste, le confirme en interview (interview bientôt en ligne). "Glamorous Indie Rock'n'roll" n'était qu'une blague, dit-il, au cas où on ne l'aurait pas compris (personnellement je n'avais pas compris). Après avoir crâné à coup de gros riffs à la Brian May/The Edge, le mormon Brandon Flowers et ses acolytes osent maintenant exhumer les strates les moins "rock'n'rollement correct" de leur ADN eighties. Au-delà de ça le groupe continue de faire ce qu'il sait faire : exulter sa foi pop et son allant mélodique. Et, une fois n'est pas coutume, on mord à tous les hameçons, aux plages tchik tchiky boum qui donnent envie d'onduler de la tête, des épaules et des hanches comme aux scies dance taillées pour le concours de Eurovision. Les morceaux "new look" partagent avec les "anciens" un son lifté, dégraissé du côté bourrin qui caractérisait Hot Fuss et Sam's Town. Cette cure d'amaigrissement est le fruit de la production de Stuart Price, aka Jacques Lu Cont des Rythmes Digitales, un collaborateur de longue date des Killers puisqu'il a signé les remix de "Mr. Brightside" et "When You Were Young". En gros, tout change pour que rien ne change. The Killers reste l'ultime groupe du plaisir honteux. Et mince, c'est bon la honte.



(Suite.)



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6 décembre 2008 6 06 /12 /décembre /2008 02:05

Transcende l'Elysée


Cette semaine, je n'ai pas fait mon taf. Si je veux devenir un critique rock majeur de cette capitale, majeur, oui, parce que c'est ça ou crève, je dois sortir aussi souvent que possible. Occuper le terrain. Car vous imaginez bien qu'il ne suffit pas d'être compétent pour réussir dans ce milieu, qu'il ne suffit pas d'avoir la culture, la plume, le talent d'intervieweur et de savoir capter les tendances émergeantes, il faut aussi savoir se vendre, se mettre en avant, faire son pipole. Et ça, question d'ego, ce n'est pas donné à tout le monde. En général, là-dessus je me fais donc gentiment violence mais voilà cette semaine, pharyngite oblige, je n'ai pas pu. Je suis resté au chaud et en plus d'avoir loupé le boulot du siècle j'ai manqué les concerts de Tricky à l'Elysée Montmartre, de La Féline à Radio Campus et de Moi Caprice à La Flèche d'Or.



La Féline, je vous en ai déjà parlé là. Moi Caprice je vous en parlerai prochainement car il y a quelques j'ai interviewé le leader de cette belle formation pop danoise. Et en attendant que Tricky prenne la parole ici même, car oui, lui aussi je l'ai interviewé, mon pote Antoine, mandaté par mes soins, s'est fait passer pour moi pour assister à son show du 30 novembre dernier. Il ne s'est pas fait prier l'ami. (Lui aussi il fait de la musique, mais il n'a ni Myspace ni Facebook, d'ailleurs, soit dit en passant, le saligaud ne m'a jamais fait écouter la moindre note de ce qu'il faisait.) Tricky a marqué sa jeunesse. Mais il n'était pas prévu qu'il m'en fasse un live report pour Parlhot. Surtout si bien senti. C'est un beau cadeau qu'il me fait là. J'espère que vous apprécierez aussi. Antoine c'est à toi.


Arrivé à L'Elysée sur les coups de 20h00, j'entends que le concert ne commence pas avant 40 minutes. Super, ça me laisse le temps de cogner le bar et, bien sûr, d'accoster les meufs en me faisant passer pour Sylvain Fesson ("de Park Magazine, tu connais ?"). Je n'ai pas de mal à gagner le devant la scène. J'y découvre un public très hétéroclito : riot girls à bustier léopard, métisses r'n'b décalées assumant leurs boots roses à fourrure, hippies dreadeux, geeks-electro-nerd mais surtout une bonne bande de bobos à lunettes rectangulaires, lobotomisés par la lecture des Inrocks. En guise de musique d'ambiance, du reggae, of course, un peu smooth, pas trop transe. Le public commence à s'impatienter. 21h, les lumières s'éteignent enfin et un morceau de Phil Collins (est-ce une blague ? un hommage ?) annonce le début du concert.


Les musiciens (guitare, basse, batterie, claviers) entament "You Don't Wanna" de l'excellent Blowback. Tricky entre nonchalamment sur scène, pétard à la main. Les nappes dramatiques de "Past Mistake", le morceaux le plus trickyen de son dernier album, Knowle West Boy, rappellent le caractère rugueux et tendu du bonhomme, qui a déjà enlevé son T-Shirt. Le son est très lourd, proche du drone ou de certains trucs stoner, la basse super forte, le son résolument rock, aux antipodes du trip hop fiotteux pour ascenseur ou lopette spleenienne. Tricky passe la moitié du concert de dos, à rouler des pétards et diriger ses musiciens qu'on dirait tout droit sorti d'High School Musical (j'aperçois du lait couler des oreilles du guitariste). Du coup ses rares passages au micro s'en trouvent sublimés, théâtralisés.


Loin d'être statique comme à ses premiers concerts, le gars du Knowle West adopte une attitude de boxeur. Sa gestuelle est violente, hypnotique, saccadée. Et quand le son atteint des sommets, Tricky entre transe, comme pris d'une crise d'épilepsie, médusant un public content de retrouver intacte son imprévisible bad boy. Sa voix gutturale se mêle à la basse. Il joue sur le souffle, le chuchotement, les percussions corporelles (mais mollo, on n'est pas non plus chez Camille !) et s'autorise même quelques séances de bondage avec le fil de son micro. Les nanas semblent fascinées par cette crevette basanée. Devant moi, la bonnasse au bustier léopard ne remarque même pas que je me frotte la nouille contre elle depuis le début du concert. Merde alors ! Feintant le déséquilibre, je réussirai quand même à frôler un sein.


Bref, revenons à notre Black Sheep. Il alterne ballades élec-trop-triste ("Pumpkin", "Car Crash" et "Overcome", chouette malgré son synthé flûte de Pan), groove grave ("Antimatter", "She Said") et surtout rock à gros riffs ("How High", "Slow") qui me permette de secouer mes tifs (attention à vos lunettes, clones de Beigbeder !). Dans ces moments-là on est proche de Rage Against The Machine, de Pearl Jam, des Red Hot, des Smashing Pumpkins, du bon gros rock des nineties, quoi. "Veronika" est bizarre avec sa rythmique dénudée. Les chansons sont très accessibles, loin des expérimentations malsaines mais jouissives de Pre-Millenium Tension ou d'Angels With Dirty Faces. "Black Steel" est fabuleuse. "Christiansands", superbe chanson, est ratée. Dure de restituer son ambiance poisseuse, le guitariste se chie dessus.


La chanteuse, une pute à frange et jean slim de 19 ans à peine, fait peine à voir. Pas de gueule, pas de voix, on est loin des égéries passées (miss Martina Topley-Bird & co, I miss you !). Pendant le concert, elle chante plus que le Tricky Kid himself, mais le rappel, mémorable, aura le mérité de la replacer à son rang de Trickette de troisième zone. Là il faut dire que Tricky devient dingue, une sorte d'autiste shaman. En trip total, hurlant dans deux micros, se tapant avec, il pousse ses musiciens à jouer encore et encore, transformant "Vent", chanson de Pre-Millenium Tension (décidément un chef d'œuvre), en une longue procession tribale de 30 minutes. Un chouette concert.


Photo par Robert Gil


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2 décembre 2008 2 02 /12 /décembre /2008 22:56
Manitoba ne répond plus




"si j'avais à critiquer Manset... "


"me lobotomiser une part du cerveau"








Sur Manitoba on a l'impression que se dévoile un Manset plus fragile, plus humain...
J'ai toujours peur... Comme je suis au centre de tout et que je maîtrise tout, c'est compliqué mes trucs parce que le moindre détail peut faire basculer l'édifice. Ce n'est pas le cas des autres chanteurs qui avancent à l'aveugle parce qu'ils sont pieds et poings liés avec tel arrangeur, tel preneur de son, tel ingénieur, tel studio...


Vous c'est la prise de tête permanente...
C'est ça, la prise de tête permanente. Parce que je peux jouer de tous les leviers ! C'est comme si j'étais aux commandes d'un 747 et que je pouvais appuyer sur n'importe quel bouton et ça monte, ça descend. Prenons"Genre humain". J'allais dire : ce titre je ne peux pas le faire si je n'ai pas les cordes. C'est les cordes qui font le sirop qui font exister cette histoire, c'est les cordes qui font qu'on est dans le rêve à moitié éveillé. Mais j'allais dire aussi : ce titre je pourrais très bien le faire sans les cordes. Je serai Dylan, je le ferai sans les cordes. Et si je le fait sans les cordes ça veut dire qu'il me faut d'autres musiciens. Et ça veut dire que la session est beaucoup plus à risque parce que là on va entendre les fragilités. C'est casse-gueule. Mais voilà, je serai sur scène, je n'hésiterai pas à faire sans. Mais je suis en studio, et on n'est plus dans les années 70, on est dans le numérique et rien ne sonne aujourd'hui, alors je balise. Oui, c'est une histoire de balisage. De crainte permanente. Alors je sécurise le truc avec des oreillers, des plumes, une sorte de sirop qui va m'assurer la stabilité finale de l'ensemble. Mais c'est vrai que j'aimerais bien faire autrement. Si j'avais les studios, si j'allais à Londres, si j'avais les musiciens qu'il fallait, si je passais beaucoup de temps, mais je ne passe jamais beaucoup de temps en studio.


Vous pourriez vous éterniser en studio ?
Oui, j'ai les budgets mais je suis trop dans l'inspiration à l'état brut, j'ai besoin que ça se fasse tout de suite dans une sorte de coït immédiat. Je n'ai jamais refait un titre. Donc il faut qu'il sonne tout de suite. C'est très compliqué. La réalité, s'il y a un prochain album, c'est qu'il faudrait peut-être que j'ai un producteur. Mais il y a deux problèmes à ça. Primo, il faudrait que je change mes conditions contractuelles. Deuxio, je n'ai confiance en aucun producteur. Quand je vois le dernier Julien Clerc, je n'ai pas envie d'avoir un album produit par un quelconque Benjamin Biolay. Pour moi sa production ne va pas assez loin. Et je lis que tout le monde a l'air d'aimer ça. C'est une histoire de fossé générationnel, mais voilà dans la musique actuelle, il y a un côté bancal qui me dérange.


Justement, c'est sans doute à ce fossé générationnel qui en même temps nous unit et nous sépare, mais sur Manitoba j'ai eu du mal à me faire à certains choix de production comme, par exemple, ces chœurs gospels sur "Comme un lego". Pour moi, ils sont kitsch et alourdissent le morceau.

Ah, moi je voulais un vrai gospel américain. Mais oui, c'est peut-être une histoire de génération parce que la majorité des gens aurait tendance à préférer ma version à celle d'Alain.


Ah oui ? Moi je préfère sa version, musicalement plus sobre, plus nue.
Vocalement, elle diffère aussi de ma version. Alain a une voix magistrale, un timbre émouvant, et son phrasé est plus moderne que le mien. Moi j'ai un phrasé désuet, je dis les "e", ce qui fait chier tout le monde. J'allais dire : comme Cabrel. C'est vrai mais Cabrel vend mieux que moi. Alain, lui, a un phrasé brut de décoffrage. On rejoint donc ce côté bancal que je décris dans la musique actuelle. Aujourd'hui les jeunes chantent un peu n'importe comment. Même quand ils chantent bien ils s'arrangent pour chanter mal. Pour moi c'est une anomalie critiquable. Et Alain est dans ce registre. C'est-à-dire qu'il ne réfléchit pas trop.


Son chant a quelque chose de funambule.
Oui, il y a un côté funambule !


Dernièrement je l'ai vu sur scène et j'ai été sidéré par ses appuis vocaux à la fois totalement improbables et totalement géniaux.
Voilà. Donc c'est peut-être ça que les gens voudraient que je fasse. D'ailleurs, moi, en tant que producteur, me voyant de l'extérieur, si j'avais à critiquer Manset sur la manière dont il peaufine ses albums, ce que je dirais c'est qu'on aimerait qu'il y ait de temps en temps des fragilités, des cassages de gueules, des trucs inattendus...


Des accidents.
Voilà, des accidents ! Et non, tout est pratiquement lisse.


Vous n'arrivez pas à vous laisser aller aux accidents ?
Je n'aime pas. Parce que j'entends. Je pense que la différence avec les autres c'est qu'ils n'entendent pas. Alain n'entend pas. Quand il a un cassage de gueule il ne l'entend pas.


C'est un atout, non ?
Ah, je ne sais pas. Si c'est un atout c'est parce qu'on est dans une époque où, pour une question de démagogie, les gens veulent la fragilité. Ils veulent se sentir proche. C'est pour ça qu'ils ont aimé Gainsbourg. Ils voulaient un artiste fragile.


Ils voulaient Gainsbarre.
Voilà, le côté proche du pékin moyen. Moi je ne suis pas dans ce registre-là, j'essaie de toucher au magistère. Encore une fois, moi mes maîtres c'est Poussin, c'est Zola, c'est Hugo, des gens qui font chier tout le monde. Moi c'est ça. Mais c'est aussi Springsteen. Comme Obok j'ai enregistré Manitoba dans les conditions du live. Et si ce disque était en anglais, imaginons qu'il le soit, à mon avis il n'y a pas de problème ce serait au moins du Springsteen.


Ah oui ?
Oui, on ne se rend pas compte parce qu'on est en français.


Vous avez envie d'écrire en anglais ?
Peut-être que je le ferai parce qu'on en a un peu marre de faire des trucs que seuls les germanopratins comprennent. Dernièrement en voyant Springsteen en concert je me suis dit qu'il n'y avait que le rock qui valait le coup. Et que j'ai du matériel comme ça, net, carré, simple. Il faut prendre les musiciens adéquats et ça tombe bien, j'ai un ami de longue date qui serait parfait pour ça. D'ailleurs ça fait longtemps qu'on ne s'est pas revu. Oui, comme le rock pur et dur est très codé il faudrait que change un peu mes habitudes. Par exemple il ne faudrait pas que j'arrange et que je produise ce disque moi-même. Mais sinon je pourrais le faire. J'ai les titres universels qui s'y prêtent et je suis le seul à pouvoir le faire en français.


Si ce disque sort il ira de paire avec de la scène ?
Pourquoi pas.


La rumeur va replaner ?
La rumeur va replaner parce que maintenant il faudrait absolument que je passe à l'acte avant d'envisager continuer à faire de la musique.


Ce passage à l'acte vous semble possible ? Je veux dire : après tout ce temps passé sans vous confronter directement au public, tout ça ne risque-t-il pas d'être trop violent pour vous ? Trop violent et trop décevant pour vous comme pour votre public qui s'est construit l'image d'un Manset distant, abstrait, fantasmatique ?
Non, je suis peut-être complètement dans le délire, mais j'ai l'impression que je peux facilement passer de l'un à l'autre. La difficulté vient plutôt d'une histoire d'âge, de fatigue, de lassitude. Et du fait que je m'interroge trop sur l'utilité de tout ça.


Quand même : je repense au retour scénique de Polnareff. Pour lui ça a été dur et chargé émotionnellement. Quelque part, en revenant ainsi, il faisait face à son mythe et au risque de le casser. Mais lui avait déjà fait de la scène. Or vous c'est pire, vous n'en avez jamais fait. L'idée d'en faire a donc, je trouve, quelque chose de "suicidaire".
Non, mon seul problème c'est mon problème avec le public. Je ne sais pas si la plupart des artistes ont un ego démesuré, mais ils ont un ego et ils sont très heureux d'être sur scène. Or moi mon problème c'est que je n'ai vraiment pas envie de jouer ce rôle-là. J'adore faire de la musique, j'aime beaucoup chanter, je peux passer 24h dans un studio à refaire un mix des milliers de fois sans voir le temps passer, mais me retrouver sur scène avec cette rangée, j'allais dire de légumes, ce n'est pas péjoratif, mais cette rangée de gens neutre et inerte devant moi, non, il ne faut pas que je vois ça. Je suis très dérangé par ça.


Mais je sens que ça vous tente. Je vous sens avide de nouveauté, je me trompe ?
Non, je suis effectivement avide de nouveauté. Mais tenter cette expérience scénique en France ne m'amuserait pas trop. D'un autre côté à l'étranger personne ne parle français, donc je suis un peu mitigé. Il faudrait que je ne me pose pas la question.


Il faudrait vous lobotomiser une part du cerveau !
Me lobotomiser une part du cerveau, c'est exactement ça. "Gérard, tu t'assoies là, on viendra te chercher quand ce sera l'heure." C'est ce qu'il se passe pour tout le monde ! A part des pirouetteurs comme Claude François, beaucoup d'artistes de talent sont dans cette faculté d'abandon. Il y a un moment, il faut les diriger comme des enfants dans une sorte de colin-maillard. Or moi je suis seul, indépendant, donc c'est beaucoup plus problématique. Je n'ai pas trouvé la personne en qui j'aurais assez confiance pour être pris par la main. Et même si cette personne existait, ça ne marcherait pas parce que je ne suis pas assez inconscient, j'ai toujours ces deux moitiés de cerveau.


(Suite.)


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2 décembre 2008 2 02 /12 /décembre /2008 02:50

Sugar à toi
















Ces derniers mois il n'y a pas que la pop d'Idaho que j'ai longtemps passée sous silence. Pas que la pop de son formidable Forbidden EP & Alas qui m'ait séduite au point que j'en reste sans voix. Il y a aussi celle de Minor Majority et de son divin Candy Store.

 

Ce disque c'est Vicious Circle qui me l'a gracieusement envoyé. C'était vers fin janvier me dit ma boite mail. Si loin déjà. De ce groupe adoré, encore une fois, je sais peu de chose, si ce n'est qu'il vient d'Oslo et qu'il compte cinq membres dont le singer/songwriter Pal Angelskar. Pour en savoir plus vous pouvez toujours vous rendre sur Wikipedia ou, mieux, courir acheter l'album en question. Dans le livret l'histoire de Minor Majority y est détaillée disque par disque par les gars eux-mêmes.


En plus, vous aurez mille fois raison d'acheter ce Candy Store, parce que c'est un double et que dessus il n'y a strictement rien à jeter. Vous me direz : "C'est normal, c'est un best of de leurs quatre premiers disques". Je vous dirai : "Oui, pour ce qui est des 16 titres de la "Side A", mais comment expliquer que le groupe se balade également en état de grâce permanent sur les 11 titres de la "Side B" alors qu'il s'agit de chutes de studio ?" Non, sérieux, ces norvégiens sont géniaux, tout simplement.


Moi je me passe indifférent ces deux disques. Chacun déroule son lot de bijoux pop-folk à faire pâlir The National. Parce que si la voix de Pal porte également les suaves inflexions de Michael Stipe et Stuart Staples, il y a là quelque chose que n'ont ni Tindersticks, ni REM, ni même la bande goth-folk de Matt Berninger. Ce quelque chose, cet air de ne pas y toucher difficile à décrire, ce sont des réminiscences 60's, 70's et soft rock. Oui, comme on en trouve sur les superbes derniers albums de Merz et Midlake.


La guitare laidback blues de "In That Premature Way" vous évoquera le "Tunnel of Love" de Dire Straits. Le piano, toujours laidback blues, de "What I Deserve" vous conduira au "Layla" d'Eric Clapton. Et quand le chant d'Angleskar se doublera de violons baroques sur "Silently Aware" et d'une voix féminine en duo, comme sur "Dancing In The Backyards", ou en chœurs, comme c'est le cas sur la plupart des morceaux, vous songerez sans doute à Fleetwood Mac ou au Carpenters.


Il y a dans ces chansons une telle propension à l'effacement, comme un doux repentir, ce tendre jaunissement des choses laissées à l'air libre de la vie et des souvenirs, que je ne m'en lasse pas. Alors c'est sûr, un tel disque, vous ne pourrez pas vous en vanter auprès de vos potes pour paraître cool, ni brancher les filles. A vrai dire, il sert plutôt à pleurer celles qui sont parties, qu'on a quittés ou qui ne sont jamais venues. Tout au plus pourrez-vous envisager de l'insérez dans le lecteur de la voiture parentale.


Mais comme Candy Store n'a pas la dimension blockbuster triomphale du dernier Coldplay que votre père se passe en boucle et que son infinie tendresse masque un certain venin, vous hésiterez. Vous hésiterez car vous aurez beau penser au refrain de "There Is A Light That Never Goes Out", vous craindrez tout de même  qu'avec tant de soyeuse mélancolie vous et votre famille se crash sur "a double Decker bus". Et si partir au son de Majority Majority c'est beau dans l'idée, dans les faits ce serait un peu con quand même.


Mais l'amour de la musique sera le plus fort. Et merde au facteur générationnel, merde au rock et tout ça. Vous vous direz : "J'ai passé l'âge de ne penser qu'à travers ça. N'ai-je d'ailleurs déjà pensé qu'à travers ça ?" Alors vous parlerez de ce disque à tout le monde. Et vous vous direz, piégez que vous êtes d'avoir encore découvert un groupe par son dernier album et de le trouver indépassable : "Je fais quoi maintenant ? Je parcours sa discographie au peigne fin au risque d'être déçu ou je m'arrête-là ?"



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25 novembre 2008 2 25 /11 /novembre /2008 19:56

Rhâââ Lovely
















La semaine du lundi 17 novembre, en plus de prendre un pied fou au concert du jeune néo-zélandais Liam Finn, j'ai remis ça le lendemain en voyant La Féline live. La Féline, c'est un trio réuni autour de la grande Agnès Gayraud, qui n'a rien de la Grande Sophie. Et à mon humble avis, La Féline, qui n'a rien à voir avec le bar du même nom, c'est le groupe qui monte en ce moment à Paris. Nul buzz louche là-dedans, mais juste la grâce d'une musique, une sorte de "cold folk", dixit leur batteur, qui enchante toutes les salles où ils passent. Jeudi 20 novembre ils étaient à L'international. Je vous raconte ?


C'est la première fois que je me pointe dans cette petite salle parisienne qu'on dit avoir le vent en pop, au point de détrôner la Flèche d'or. J'y suis pour La Féline. Et je pense à David Hallyday. Oui, je sais c'est horrible, mais comme à chaque fois que je vais voir un groupe dont je suis proche musicalement et amicalement je pense à Hallyday fils et son tube "Tu ne m'as pas laissé le temps (de te dire tout c'que je t'aime tant qu'il est encore temps)". Parce que voilà le temps passe et je n'ai toujours pas parlé de de ces groupes amis comme La Féline. Pourtant Dieu sait que je les aime. Des raisons à ce silence, je pourrais en fournir des tonnes, dire par exemple qu'il y a tellement de disques qui me plaisent, que les journées ne durent que 24h, que je suis avant tout journaliste, pas bloggueur, et que c'est tellement plus facile de parler des groupes confirmés, de parler des groupes qui ont déjà sorti un disque et qui évoluent loin de moi, en Angleterre, aux USA, etc. plutôt que de parler des groupes qui sont sous mes yeux, à deux pas, tous ces petis groupes sans disques et sans label que les magazines papiers délaissent pour la sacro-saint actu de l'industrie. Ah l'actu, l'industrie, toujours l'actu, l'industrie. Mais la vie, la vraie, qui en veut ?


Ce soir, alors que je fume une clope avec eux sur le trottoir (une clope qui a le goût de la clope après l'amour). Je sais que cette fois c'est la bonne. Je vais parler d'eux. Réparer mes torts. Parce qu'ils viennent de donner un concert propre à balayer toutes ces broutilles d'obstacles et qu'il y a Parlhot. Oui, je sais qu'en rentrant chez moi je fais enfin parler de mes amis musiciens. Et plutôt trois fois qu'une. Parce qu'en plus d'Agnès Gayraud (singer/songwritrice) et de Xavier Thiry (claviériste), La Féline compte à la batterie l'ami Stéphane Bellity, aka Ricky Hollywood et leader de Poster Moderne, et à la deuxième guitare l'ami Jérôme Pichon, aka Scott Of The Antartic et leader de Bellegarde. Ah et je ne vous ai pas dit ! A ce concert un ami m'accompagne. Il s'appelle Julien alias Juko et il fait lui aussi de la musique et de la bonne.


Bref, insatisfait chronique (ou perfectionniste), Stéphane déplore comme à son habitude que le set n'ait pas été tout a fait carré. Moi je n'y ai vu que du feu. Et ne suis pas le seul. Le public était tellement en osmose qu'il a vu des choses. Certains ont trouvé que ça sonnait parfois comme Portishead (pas faux, même le chant d'Agnès a quelque chose de la cristalline froideur des vocalises éplorées de Beth Gibbons). Celle-ci jubile qu'une spectatrice lui ait même confié avoir senti un côté Siouxsie dans La Féline. Et c'est vrai qu'il y a de ça dans la jeune femme et sa musique. Derrière un côté simple et chaleureux, se cache une profondeur cold, perchée, hypnotique. De l'élégance et du fantasme.


Fruit de l'expérience acquise sur scène (couronnée dernièrement par une première partie d'Alister à la Cigale), du travail actuellement passé en studio pour coucher leurs morceaux sur bande et du récent départ de leur deuxième guitariste (qui a donné plus d'importance aux atmosphères de synthé), leur musique n'a jamais dégagé autant de personnalité. Doté d'une aura plus sombre, psychée et capiteuse, les anciens morceaux folk western à la Morricone comme "La Passegiata" et "Mystery Train" (qui plairont aux Inrocks, France Inter et Télérama) et les nouveaux, le krautrock "Il est comme le vent" et le dansant "These Are Boys", ont mis en évidence un univers affirmé, mis en lumière par une superbe reprise du "Into The Night" de Julee Cruise, chanteuse fétiche de Lynch et Badalamenti (Blue Velvet, Twink Peaks, Lost Highway).


Et quand Agnès bougeait (ce qu'elle fait bien, attention les yeux), avec des gestes graciles un peu arabisants et azimutés à la Diterzi/Ringer, pris dans un film sans nom, je me disais que cet auto-déclaré "Cat-sized power trio" commençait vraiment a être affûté. 22h30. J'ai écrasé sur le trottoir cette clope qui avait le goût de la clope après l'amour. J'avais vraiment envie d'écrire et de tenir bientôt le premier album de La Féline pour pouvoir l'écouter seul dans ma chambre les soirs où aucun concert digne de ce nom me pousserait dehors.


 

(Suite.)


Photo de La Féline par jeanfrançois


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