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Parlhot cherche à remettre l'art de l'interview au cœur de la critique rock. Parce que chroniquer des CD derrière son ordi, c'est cool, je le fais aussi, mais le faire en face du groupe en se permettant de parler d'autres choses, souvent c'est mieux, non ?

The Organ

Mon rêve familier












Au grand dam des attachés de presse avec qui je bosse, j'aime prendre mon temps avant de chroniquer un disque. Prendre le temps de le réduire en miettes et de sentir mon âme s'unir à la sienne. Puis l'écrire comme on grave dans le marbre. Du coup il m'arrive régulièrement de parler de disques des mois après leur sortie. Et l'inconvénient de cette démarche n'est pas tant de subir les assauts mailistiques de l'attaché de presse, genre "Alors tu l'as écouté le disque ? T'en penses quoi ? Tu comptes en parler quelque part ?". Non, ça je m'en fous. Et je pourrais rétorquer que vu le pouvoir prescriptif d'une chronique de disque en 2008, puisqu'on pisse dans un violon, autant prendre son temps, faire ça bien. Non, l'inconvénient de fonctionner ainsi c'est que j'accumule de profondes dettes de cœur.


Parce que ce n'est pas comme si le temps suspendait son envol. Le temps ne suspend jamais son envol. Et ce n'est pas comme si l'amour d'un disque érodait le pouvoir de séduction des autres. L'amour d'un disque n'érode en rien le pouvoir de séduction des autres. Bref, à ce jeu-là je finis régulièrement pas me faire bouffer tout cru. X amantes dans le placard réclamant leur gros niqueur musical. Ah, si je pouvais me défaire de ce cœur d'artichaut et de ce besoin de graver les choses dans le marbre. N'ai-je pas grandi depuis ce square de mon enfance où je m'éternisais à produire du sable doux pour mon seul plaisir ? Le temps que j'achève ma bafouille sur son disque, un groupe a le temps de mourir 10 fois. Heureusement j'ai eu tout mon temps pour chroniquer les deux disques dont je souhaite aujourd'hui vous parler. Quand je les ai reçu leurs auteurs avaient déjà passés l'arme à gauche.


Thieves, le deuxième et dernier album de The Organ m'est parvenu le jour de sa sortie, le 8 octobre dernier. Ça faisait 4 ans que son premier album était sorti, et 2 ans que le groupe était refroidi. Et si j'ai demandé de recevoir son EP posthume à Sean du label Talitres (c'est lui qui m'a fait découvrir Idaho, qu'il en soit remercié à vie), c'est parce que ces 4 nénettes indie rock de Vancouver ont toujours sonné comme refroidies. Tellement d'un autre monde, cryogénisé, qu'il fallait que je vois ça de plus près.


Ce qui a présidé à la fin de l'aventure ? A ce qu'il parait le succès de leur premier album, Grab That Gun. Autant dire une certaine fragilité à l'égard du monde extérieur. Katie Sketch déclarait dernièrement à Libé qu'elles étaient "malheureuses à cause de la maison de disques, avec le sentiment de ne plus contrôler leur carrière." On croirait entendre Andy Yorke à propos du destin presque tout aussi éphémère de son groupe, Unbelievable Truth.


Oui, une vraie fragilité émotive car en fait de succès, tout ceci était plus que modéré à l'image d'une musique pas faite pour déchaîner les foules. Lyrisme étranglé, swingue guindé, écrin catchy, soupçon de sixties pop : avec son trio guitare basse batterie plus orgue, The Organ proposait une sorte de mix parfait entre The Cure et The Smiths. The Organ : un groupe intrinsèquement born dead, fascinant d'empaillement. Et une énigme : d'où vient le chant d'outre-tombe de cette fille (re)belle comme une icône CK One ?
















Si le temps passé à chroniquer ce disque m'a servi à quelque chose c'est bien à résoudre l'énigme de ce chant (du cygne). Un chant autoritaire et supplicié qui a, comme dirait l'autre, "l'inflexion des voix chères qui se sont tues". L'impression tenace de l'avoir déjà entendu trait pour trait. Robert Smith ? Nan. Morrissey ? Nan. Blondie ? Nan. Siouxsie ? Hum, nan. Patti ? Ah, oui. Peut-être bien que oui. Je réécoute le disque. Oui, c'est ça. C'est tellement Patti Smith, tellement son organe à elle, que j'ai l'impression que la Katie lui roule des pelles. Et les paroles, elles son tellement "poétiques", tellement pleines de ces images baroques et cryptiques que forment celles et ceux qui mystifient leur âme et s'y enferment à double tour, elles sont tellement des appels à l'aide, des prières en quête de Dieu et maître, que cela jette le trouble. "Who will love me oh like the ocean does" chante Katie Sketch de sa voix mimétique dont le gel atteint des sommets.


The Organ : un groupe définitivement étrange, aux chansons cold-pop impeccables comme dépourvu d'identité propre, une formation morte sans avoir découvert les joies du sexe (drogue et rock'n'roll). 2001 - 2006 : 5 ans. Presque rien. Le temps d'un rêve, familier.



Interview du groupe réalisée par Indiepoprock à l'époque de Grab That Gun


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J
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S
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