Parlhot cherche à remettre l'art de l'interview au cœur de la critique rock. Parce que chroniquer des CD derrière son ordi, c'est cool, je le fais aussi, mais le faire en face du groupe en se permettant de parler d'autres choses, souvent c'est mieux, non ?
Gallagher comme Gallagher ?
Récemment j'ai rencontré une fille, elle est fan d'Oasis. Or je connais un type, mon ancien voisin, qui ressuscite à merveille les hymnes des frères Gallagher, période "Wonderwall". Alors je me demande : le Myspace de Boris Laborde je lui communique ou pas ? Parce qu'il ne faut jamais sous-estimer la groupie qui sommeille en chaque femme. Il y a toujours quelque chose pour les faire retomber en enfance. Les réduire à l'état de fan. Et si cette fille adore Oasis, elle craquera sans aucun doute sur les compos de Boris Laborde. Sans doute même cherchera-t-elle à deviser avec lui.
Le chanteur d'Oasis n'est donc pas mort, comme le proclamait avec force joke Libération en couverture de son numéro du 18 janvier 2008. Non, il est même plus vivant que jamais, réincarné de son vivant dans le corps de ce trentenaire français. Ce mec n'est pas canon mais c'est un puits de science brit-pop. Et autant je suis mal placé pour me permettre le premier jugement, autant je le suis mieux pour me permettre le second. Oasis je n'ai jamais été fan, ni même de Blur, j'ai toujours préféré l'ambiguïté d'un Suede ou d'un Pulp, mais comme c'est ma génération je n'ai pas pu y échapper. Je les ai découvert en 95 avec leur deuxième album. Une fille l'avait offert à mon frère. Il m'a tout de suite plu avec sa collection de titres sensibles et sévèrement burnés. Je n'ai jamais ressenti cela pour un autre disque d'Oasis. Tout simplement parce qu'il me semble qu'ils n'ont jamais fait mieux par la suite, se contentant de ressasser un style musical basique qu'on transcende à l'âge où l'on se rêve quelqu'un d'autre bigger than life mais qu'on ne peut plus honorer quand on a plus de 25 ans et qu'on est plus célèbre que le Christ.
Or dans son petit appart du 19e arrondissement, Boris n'a jamais eu les honneurs du milieu alors, quand son job alimentaire ingrat le laisse free like a bird et qu'il n'y a pas de foot sur TF1, gonflé d'espoir comme au premier jour, il compose les hymnes qui lui permettraient de décrocher coke, putes et couve du NME, s'il était anglais. Ironie : ses hommages carabinés à Oasis feat. Stone Roses s'intitulent "Napoléon", "de Gaulle", "1789". Tout y est : les guitares aux épaules de déménageurs, la rythmique qui fait poum tchak poum poum tchack et la voix qui crâne nourrie de brumes psychés qui bastonnent. D'ailleurs cette voix, on dirait tellement celle de Liam que j'imagine Boris enregistrant ses prises de voix en chantant debout bras croisés dans le dos. Alors, oui, l'élève ne mettra sans doute jamais le monde a ses pieds comme l'a fait son maître, tout au plus vient-il de décrocher un airplay au Canada avec "Is This Love", mais avec tout ça, au rage, etcetera, Boris, c'est Oasis condamné à sortir des morceaux du tonneau de Morning Glory jusqu'à la fin de ses jours et il a donc des chances de plaire à la fille dont je vous parle.
Et moi dans tout ça je suis peut-être un peu "Jealous Guy", un peu maso aussi, mais je ne vais pas jouer Gallagher comme Gallagher. Je vais lui donner l'adresse Myspace à la fille. Parce que c'est beau une femme qui retombe en enfance.
Pour en savoir plus sur le gus, ici les américains de allaccessmagazine.com lui consacre une interview !