27 février 2008
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GQ, newsmag BCBG
Le 20 février, après deux ans de travail et trois numéros tests sortait en France la 14e édition de GQ, célèbre magazine masculin né aux Etats-Unis il y a plus de 50 ans. A quoi ressemble sa version française ? Comment compte-t-elle réussir là où beaucoup de confrères ont déjà échoué ? C’est ce que je suis allé demander à la rédactrice en chef de ce mag qui dit parler aux hommes sur un autre ton.
Ce mois-ci L’Optimum a raison de sortir une nouvelle formule. Même bâclée. Il faut bien qu’ils défendent leur bout de gras, car sur le secteur du mag masculin bècebège, le GQ français est venu tout écraser. Il en a les moyens (selon les sources les chiffres oscillent entre 1 à 10 millions d'euros en investissement publicitaire). Porté par Condé Nast, un groupe de presse international aux reins plus que solides qui chapote entre autres Vogue, Glamour, Vanity Faire, Wired, The New Yorker, GQ n’est pas là pour rire même s’il ne manque pas d’esprit et d’une certaine audace rédactionnelle (somme tout classique dans pour ce genre de presse qu'on qualifiera de branchée). Ce GQ est le rejeton d'un magazine américain né en 1957 et qui, après avoir été un trimestriel de mode pour dandys d'après guerre et avoir un temps flirté avec une imagerie crypto-gay, est devenu dans les années 80 une véritable institution en s'ouvrant à la politique, à la culture et aux sujets de sociétés. Beaucoup de travail et d’argent ont donc été investis pour que le lancement du GQ français soit le début d'un long règne (70 000 exemplaires vendus sont escomptés à pour 2008 et 100 000 pour 2011).
Le moins qu'on puisse dire c'est que d’emblée le GQ en impose. Avec 120 pages de pub sur 320 au total, le marché publicitaire a clairement été réactif. Mais pas que. Tout ce que la capitale compte de pigistes branchés a aussi répondu présent à l'appel. Un aréopage de plumes familières venues de Technikart, Télérama et du dernier plan de licenciement de Libération dynamite donc in extremis le côté aspirateur à pub de l'entreprise. Comment L’Optimum pourrait-il donc lutter, lui qui n’a que 50 pages de pub sur 180 au total, lui qui n'a aucune signature digne de ce nom et affiche Raphaël Haroche en couve ? En face c'est Vincent Cassel qui affiche sa trogne moustachue à l’occasion de son rôle dans le biopic sur Jacques Mesrine. Il n'y a pas photo, même s'il n'est "pas particulièrement beau" avoue la rédactrice en chef, Anne Boulay (ex rédactrice en chef de Air France Madame). "Ce n’est pas grave, appuie-t-elle, parce que notre trip ce n'est pas de montrer des mannequins mais des hommes qui nous intéressent et qui chacun à leur manière nous disent quelque chose de GQ."
Les hommes, je ne sais pas, mais les femmes, ça a l'air de leur plaire. Dans les trois jours qui ont suivi la mise en vente du canard j'en ai vu une dans le métro que ça avait l'air de bien absorber et plus tard deux attachées de presse me voyant avec la chose sous le bras m'ont lancé un très concerné : "Alors, tu l'as lu ?" Oui et je ne trouve pas ça transcendant. Le défaut de ce genre de mag c'est que ça part dans tous les sens. Et moi la mode, le foot, les montres, les voitures, le design, le tourisme et la cuisine ça me passe au-dessus. La culture oui bien sûr mais le traitement qu'ils en font (un simple récap-buzz) est très sommaire. Non, ce qui m'a plu par contre c'est l'interview de Bayrou par Beigbeder (et oui, faut le dire, c'est bien fait) et l'article sur les femmes journalistes et les hommes politiques. En somme ? Beaucoup de bruit pour pas grand chose en fait. C'est-à-dire qu'à 1 euro (le prix de lancement), je prends mais à 3 euros 40 (le prix à venir), non. Mais laissons faire le temps. Parole à Anne Boulay.
(Suite et fin.)
Le 20 février, après deux ans de travail et trois numéros tests sortait en France la 14e édition de GQ, célèbre magazine masculin né aux Etats-Unis il y a plus de 50 ans. A quoi ressemble sa version française ? Comment compte-t-elle réussir là où beaucoup de confrères ont déjà échoué ? C’est ce que je suis allé demander à la rédactrice en chef de ce mag qui dit parler aux hommes sur un autre ton.
Ce mois-ci L’Optimum a raison de sortir une nouvelle formule. Même bâclée. Il faut bien qu’ils défendent leur bout de gras, car sur le secteur du mag masculin bècebège, le GQ français est venu tout écraser. Il en a les moyens (selon les sources les chiffres oscillent entre 1 à 10 millions d'euros en investissement publicitaire). Porté par Condé Nast, un groupe de presse international aux reins plus que solides qui chapote entre autres Vogue, Glamour, Vanity Faire, Wired, The New Yorker, GQ n’est pas là pour rire même s’il ne manque pas d’esprit et d’une certaine audace rédactionnelle (somme tout classique dans pour ce genre de presse qu'on qualifiera de branchée). Ce GQ est le rejeton d'un magazine américain né en 1957 et qui, après avoir été un trimestriel de mode pour dandys d'après guerre et avoir un temps flirté avec une imagerie crypto-gay, est devenu dans les années 80 une véritable institution en s'ouvrant à la politique, à la culture et aux sujets de sociétés. Beaucoup de travail et d’argent ont donc été investis pour que le lancement du GQ français soit le début d'un long règne (70 000 exemplaires vendus sont escomptés à pour 2008 et 100 000 pour 2011).
Le moins qu'on puisse dire c'est que d’emblée le GQ en impose. Avec 120 pages de pub sur 320 au total, le marché publicitaire a clairement été réactif. Mais pas que. Tout ce que la capitale compte de pigistes branchés a aussi répondu présent à l'appel. Un aréopage de plumes familières venues de Technikart, Télérama et du dernier plan de licenciement de Libération dynamite donc in extremis le côté aspirateur à pub de l'entreprise. Comment L’Optimum pourrait-il donc lutter, lui qui n’a que 50 pages de pub sur 180 au total, lui qui n'a aucune signature digne de ce nom et affiche Raphaël Haroche en couve ? En face c'est Vincent Cassel qui affiche sa trogne moustachue à l’occasion de son rôle dans le biopic sur Jacques Mesrine. Il n'y a pas photo, même s'il n'est "pas particulièrement beau" avoue la rédactrice en chef, Anne Boulay (ex rédactrice en chef de Air France Madame). "Ce n’est pas grave, appuie-t-elle, parce que notre trip ce n'est pas de montrer des mannequins mais des hommes qui nous intéressent et qui chacun à leur manière nous disent quelque chose de GQ."
Les hommes, je ne sais pas, mais les femmes, ça a l'air de leur plaire. Dans les trois jours qui ont suivi la mise en vente du canard j'en ai vu une dans le métro que ça avait l'air de bien absorber et plus tard deux attachées de presse me voyant avec la chose sous le bras m'ont lancé un très concerné : "Alors, tu l'as lu ?" Oui et je ne trouve pas ça transcendant. Le défaut de ce genre de mag c'est que ça part dans tous les sens. Et moi la mode, le foot, les montres, les voitures, le design, le tourisme et la cuisine ça me passe au-dessus. La culture oui bien sûr mais le traitement qu'ils en font (un simple récap-buzz) est très sommaire. Non, ce qui m'a plu par contre c'est l'interview de Bayrou par Beigbeder (et oui, faut le dire, c'est bien fait) et l'article sur les femmes journalistes et les hommes politiques. En somme ? Beaucoup de bruit pour pas grand chose en fait. C'est-à-dire qu'à 1 euro (le prix de lancement), je prends mais à 3 euros 40 (le prix à venir), non. Mais laissons faire le temps. Parole à Anne Boulay.
(Suite et fin.)