19 mars 2009
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Hard déco ?
J'ai honte. L'autre jour j'ai pris un ex-red chef en flag de journalisme centre mou. Il signait une bio d'album en forme d'ode au hard centre mou des Elderberries.
Ce n'est pas que j'ai toujours eu ce type en admiration. Il a dirigé le rock mag minable que je j'épinglais la semaine dernière en intro de mon itw des Stuck. Ce n'est pas non plus que ce genre de dérapages soit extraordinaire. Au contraire, ça arrive tout le temps. Mais c'est justement ça le problème. Alors, à un moment, moi je craque.
En plus, le con, il a signé de son nom. Genre je suis fier de ma prose, je l'assume car je subvertis le truc de avec mon style et ma sincérité de tractopelle. Genre je suis vraiment conquis par le skeud, I speak the truth, kids. Rock'n'roll ! Belle affaire. On sait bien qu'il est là pour prendre l'argent de la maison de disques parce qu'il crève la dalle à écrire dans la presse rock. On sait bien qu'il simule. Les mots qu'il prend pour parler de cet Ignorance and Bliss des Elder parlent d'eux-mêmes : "Je pourrais vous dire que Bon Scott, de là-haut, a adoré, lâche-t-il, que James Hetfield est fan, que si Robert Plant a refusé la tournée de reformation, c'est qu'il ne se sentait plus dans le coup après avoir écouté le disque (...) que PPDA a été viré parce qu'il a refusé de parler de leur nouvel album et qu'Obama a été élu sur la promesse de remplacer l'hymne américain par "Lost My Way"..."
Non ne dis pas. STOP. Tais-toi. J'ai honte quand je lis ça. HONTE. On ne peut pas ressentir ça. On peut écrire à la truelle, ok, mais pas ressentir de la sorte. Là c'est le fric qui parle, l'appât du gain, pas le cœur. Dans le milieu beaucoup de "critiques rock" écrivent comme ça. Et ne croyez pas que ce soit seulement ceux de la presse papier. La payante. L'officielle. Au contraire, beaucoup de blogueurs miment cette logorrhée débile car ils espèrent faire parler d'eux en parlant superlativement de groupes branchés. C'est ça qui, par-dessus tout, définit le "milieu" : une même pulsion de formatage partagée par une population. Milieu = moyen = médiocre.
Alors voilà quitte à nager dans un monde sans talent ni (bio) éthique, ce que chacun sait, soyons fous, décomplexés, signons de notre nom tout plein de publi rédac déguisés en coup de cœur de la rédaction. Levons tout tabou. De toute façon, c'est bien connu : un attaché de presse = un journaliste = un artiste. La même passion nous unie. Mes fesses.
Je n'aurais rien trouvé à redire si texte et musique avaient été bons. Ce n'est pas le cas. Car il n'y a pas de secrets, l'album est lui aussi mauvais. Au-delà du sympathique single "It's Doesn't Really Matter" s'étend un immense no man's land sonore bâtit sur l'amour du rock dur passé à la moulinette FM. Et ça la fout mal d'avoir un son qui ne parle pas aux tripes quand on se revendique des Stooges, d'AC/DC, de Led Zep.
En plus on ne peut pas dire que les mecs n'aient pas voulu ce so(i)n. La production de Steve Orchard, esthéticienne de U2, Travis et Coldplay, est l'argument de vente du disque. Une hérésie au hard que la bio contourne par le soi-disant "esprit de contradiction" du groupe. En gros les mecs auraient voulu combiner épilation et sueur, une alchimie par définition impossible, mais comme me le rappelait un ami n'est-ce pas l'essence du marketing que d'essayer de nous faire gober ce genre de message à doubles promesses contradictoires ? De nous faire croire que, par exemple, "Ensemble tout est possible" (alors que non, la liberté d'autrui supposant la restriction de la mienne). Bref, tout ça pour dire qu'une musique ne peut pas avoir du caractère ET plaire à tout le monde.
C'est là que les Elder pèchent face aux Stuck. Autant, citant les 90's, la bande de José Reis Fontano peut se permettre de sonner "doudou", autant, citant les 70's, celle de Chris Boulton se doit de sonner "100 % purs poils".
Les Stuck peuvent donc parader avec leur gimmick (shelter) de la capuche sur la tête et affiché en une fan fixant ses pompes sur la couve de leur Shoegazing Kids, pas de problème, ça colle au genre musical qu'ils ont choisis. Mais quand les Elder paradent avec leur moustache, il y a quelque chose qui ne colle pas. Parce que leur moustache ce n'est pas des poils, c'est de l'épilation. Parce que leur hard ce n'est plus de l'amat mais de la grosse production. Foufounes garanties en tickets de métro. Et, magie du lapsus marketing, tout cela révèle d'ailleurs sa vraie nature (postiche) dans la couve d'Ignorance and Bliss. On est loin de la flamboyante pochette de Nothing Ventured Nothing Gained. Et tout est dit de leur musique dans cette Barbie siglée d'une micro moustache : Ignorance and Bliss c'est du hard Fm(iné). Castré.
Alors on me dira qu'à l'heure où le disque n'est plus qu'une carte de visite pour faire de la scène c'est normal que leur zic soit lisse (c'est du papier) et que tout ça prend sa vraie dimension live. Et c'est vrai que les mecs bétonnent sur scène. Je les ai vu en 2006 aux découvertes de Bourges et ça pétait sévère. De même que sur leur EP et leur premier album. Mais voilà, du temps a passé. Tout s'est tassé. Même le chanteur ne crie plus comme Axl Rose et Bon Scott pour que leurs morceaux s'intercalent facilement entre Foo Fighters et Tryo. Or on n'est pas rock à moitié. On est rock ou on ne l'est pas. Obéir au credo du "je suis sage sur disque mais je me lâche sur scène" c'est se mettre ni plus ni moins au niveau de la variété française d'une Olivia Ruiz. Penser Codevi. Baisser son froc pour réussir.
Savant calcul : là où leur rock serait commun en Angleterre ou aux States les mecs (deux anglais, un canadien, un français) savent que chez nous il peut se prévaloir d'une petite plus value, alors ils ferment leurs gueules et respectent nos canons. Tout cela donne une étrange résonnance au titre de leur premier album (qui ne risque rien n'a rien). Bref, avec des albums de la trempe d'Ignorance and Bliss, les vieux rockers peuvent dormir tranquille.
J'ai honte. L'autre jour j'ai pris un ex-red chef en flag de journalisme centre mou. Il signait une bio d'album en forme d'ode au hard centre mou des Elderberries.
Ce n'est pas que j'ai toujours eu ce type en admiration. Il a dirigé le rock mag minable que je j'épinglais la semaine dernière en intro de mon itw des Stuck. Ce n'est pas non plus que ce genre de dérapages soit extraordinaire. Au contraire, ça arrive tout le temps. Mais c'est justement ça le problème. Alors, à un moment, moi je craque.
En plus, le con, il a signé de son nom. Genre je suis fier de ma prose, je l'assume car je subvertis le truc de avec mon style et ma sincérité de tractopelle. Genre je suis vraiment conquis par le skeud, I speak the truth, kids. Rock'n'roll ! Belle affaire. On sait bien qu'il est là pour prendre l'argent de la maison de disques parce qu'il crève la dalle à écrire dans la presse rock. On sait bien qu'il simule. Les mots qu'il prend pour parler de cet Ignorance and Bliss des Elder parlent d'eux-mêmes : "Je pourrais vous dire que Bon Scott, de là-haut, a adoré, lâche-t-il, que James Hetfield est fan, que si Robert Plant a refusé la tournée de reformation, c'est qu'il ne se sentait plus dans le coup après avoir écouté le disque (...) que PPDA a été viré parce qu'il a refusé de parler de leur nouvel album et qu'Obama a été élu sur la promesse de remplacer l'hymne américain par "Lost My Way"..."
Non ne dis pas. STOP. Tais-toi. J'ai honte quand je lis ça. HONTE. On ne peut pas ressentir ça. On peut écrire à la truelle, ok, mais pas ressentir de la sorte. Là c'est le fric qui parle, l'appât du gain, pas le cœur. Dans le milieu beaucoup de "critiques rock" écrivent comme ça. Et ne croyez pas que ce soit seulement ceux de la presse papier. La payante. L'officielle. Au contraire, beaucoup de blogueurs miment cette logorrhée débile car ils espèrent faire parler d'eux en parlant superlativement de groupes branchés. C'est ça qui, par-dessus tout, définit le "milieu" : une même pulsion de formatage partagée par une population. Milieu = moyen = médiocre.
Alors voilà quitte à nager dans un monde sans talent ni (bio) éthique, ce que chacun sait, soyons fous, décomplexés, signons de notre nom tout plein de publi rédac déguisés en coup de cœur de la rédaction. Levons tout tabou. De toute façon, c'est bien connu : un attaché de presse = un journaliste = un artiste. La même passion nous unie. Mes fesses.
Je n'aurais rien trouvé à redire si texte et musique avaient été bons. Ce n'est pas le cas. Car il n'y a pas de secrets, l'album est lui aussi mauvais. Au-delà du sympathique single "It's Doesn't Really Matter" s'étend un immense no man's land sonore bâtit sur l'amour du rock dur passé à la moulinette FM. Et ça la fout mal d'avoir un son qui ne parle pas aux tripes quand on se revendique des Stooges, d'AC/DC, de Led Zep.
En plus on ne peut pas dire que les mecs n'aient pas voulu ce so(i)n. La production de Steve Orchard, esthéticienne de U2, Travis et Coldplay, est l'argument de vente du disque. Une hérésie au hard que la bio contourne par le soi-disant "esprit de contradiction" du groupe. En gros les mecs auraient voulu combiner épilation et sueur, une alchimie par définition impossible, mais comme me le rappelait un ami n'est-ce pas l'essence du marketing que d'essayer de nous faire gober ce genre de message à doubles promesses contradictoires ? De nous faire croire que, par exemple, "Ensemble tout est possible" (alors que non, la liberté d'autrui supposant la restriction de la mienne). Bref, tout ça pour dire qu'une musique ne peut pas avoir du caractère ET plaire à tout le monde.
C'est là que les Elder pèchent face aux Stuck. Autant, citant les 90's, la bande de José Reis Fontano peut se permettre de sonner "doudou", autant, citant les 70's, celle de Chris Boulton se doit de sonner "100 % purs poils".
Les Stuck peuvent donc parader avec leur gimmick (shelter) de la capuche sur la tête et affiché en une fan fixant ses pompes sur la couve de leur Shoegazing Kids, pas de problème, ça colle au genre musical qu'ils ont choisis. Mais quand les Elder paradent avec leur moustache, il y a quelque chose qui ne colle pas. Parce que leur moustache ce n'est pas des poils, c'est de l'épilation. Parce que leur hard ce n'est plus de l'amat mais de la grosse production. Foufounes garanties en tickets de métro. Et, magie du lapsus marketing, tout cela révèle d'ailleurs sa vraie nature (postiche) dans la couve d'Ignorance and Bliss. On est loin de la flamboyante pochette de Nothing Ventured Nothing Gained. Et tout est dit de leur musique dans cette Barbie siglée d'une micro moustache : Ignorance and Bliss c'est du hard Fm(iné). Castré.
Alors on me dira qu'à l'heure où le disque n'est plus qu'une carte de visite pour faire de la scène c'est normal que leur zic soit lisse (c'est du papier) et que tout ça prend sa vraie dimension live. Et c'est vrai que les mecs bétonnent sur scène. Je les ai vu en 2006 aux découvertes de Bourges et ça pétait sévère. De même que sur leur EP et leur premier album. Mais voilà, du temps a passé. Tout s'est tassé. Même le chanteur ne crie plus comme Axl Rose et Bon Scott pour que leurs morceaux s'intercalent facilement entre Foo Fighters et Tryo. Or on n'est pas rock à moitié. On est rock ou on ne l'est pas. Obéir au credo du "je suis sage sur disque mais je me lâche sur scène" c'est se mettre ni plus ni moins au niveau de la variété française d'une Olivia Ruiz. Penser Codevi. Baisser son froc pour réussir.
Savant calcul : là où leur rock serait commun en Angleterre ou aux States les mecs (deux anglais, un canadien, un français) savent que chez nous il peut se prévaloir d'une petite plus value, alors ils ferment leurs gueules et respectent nos canons. Tout cela donne une étrange résonnance au titre de leur premier album (qui ne risque rien n'a rien). Bref, avec des albums de la trempe d'Ignorance and Bliss, les vieux rockers peuvent dormir tranquille.