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  • : PARLHOT
  • : Parlhot cherche à remettre l'art de l'interview au cœur de la critique rock. Parce que chroniquer des CD derrière son ordi, c'est cool, je le fais aussi, mais le faire en face du groupe en se permettant de parler d'autres choses, souvent c'est mieux, non ?
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22 janvier 2009 4 22 /01 /janvier /2009 14:45
Simple (man) ?




"en Union Soviétique j'ai découvert un monde incroyable"


"Si la Bible m'intéresse, c'est de la faute à Dostoïevski !"





Comment est née ta passion pour le russe et la Russie ?
A l'école. A 12 ans j'ai commencé à étudier le russe à l'école. Je suis allé en Union Soviétique en 1987 à l'occasion d'un voyage scolaire, on a visité des endroits très intéressants. Pour moi qui avais 15 ans ça a été une expérience majeure.


Tu n'avais jamais voyagé à l'étranger avant ça ?
Non, à part quelques voyages en France ! J'ai donc continué à étudier le russe à l'Université et j'ai étudié un an à Moscou entre 92 et 93. Ce fut une année de grands changements pour la Russie. J'y ai vécu plein de choses et je me suis fait de vrais amis.


Il paraît que c'est là-bas que tu as écrit tes premières chansons...
Oui, c'est possible.


Cette année ne devait donc pas être si idyllique parce qu'on écrit toujours sous le coup d'une certaine tristesse, surtout ses premières chansons...
Oui, mais aussi c'était une période positive car chaque jour je me levais en me demandant ce qui allait m'arriver. Parfois il m'arrivait de bonnes choses, parfois moins - je me rappelle par exemple d'une assez longue période de maladie passée au lit à lire Dostoïevski - mais c'était riche en émotions et en nouvelles expériences, ce fut sans doute l'année la plus stimulante de toute mon existence, donc ça m'a pas mal inspiré. Je peux même dire que ça profondément conditionné le restant de ma vie.


Qu'est-ce qui t'a fait tant t'intéresser à la Russie ?
C'est en partie dû à ce voyage scolaire en Union Soviétique en 87. Là-bas j'ai découvert un autre monde. Un monde sans publicités, c'était incroyable. Je me suis donc intéressé au communisme... J'étais aussi en Russie en 1990 quand les choses se sont mises à changer radicalement. Et j'y étais donc encore en 92-93. Voir tous ces changements était absolument fascinant. De même que lire tous ces livres que je devais lire pour obtenir mon diplôme.


Quels livres lisais-tu ?
J'étudiais la littérature russe de ses débuts jusqu'à aujourd'hui. Tout cela a fait que je me suis passionné pour la Russie dans son ensemble. Et quand j'ai quitté Unbelievable Truth en 2000 j'ai passé un master en histoire, politique et économie russe, qui m'a beaucoup plu.


Penses-tu que ta passion pour la Russie ait influencé ton univers musical ?
Peut-être mais je ne saurais dire comment... Si ce n'est que c'est peut-être de là que vient ce cette sorte de mélancolie et de sobriété qu'on retrouve dans ma musique !


Musicalement on s'aperçoit que sur Simple tu reviens nettement au parti pris musical très pop acoustique qui était celui d'Unbelievable Truth à l'époque de Almost Here...
Oui parce que musicalement je pense qu'on s'était perdu sur le second album en s'éloignant du son acoustique qui était le notre sur notre premier disque.


Pour toi c'était vraiment l'identité du groupe ?
Oui, pour moi le son était vraiment dans cette sorte de nudité et de sentiment d'espace que j'avais pu trouver, plus jeune, dans les albums de Talk Talk et de Mark Hollis. Je pense que c'est dans sur ce terrain-là qu'on donnait le meilleur de nous-même.


Pourquoi avoir donc dévié de cette voie pour le second album d'Unbelievable Truth ?
Je pense que c'est parce qu'on était assez frustré de la façon dont les choses se passaient. Oui, on était frustré, en colère, et on a donc pensé que ce serait bien de donner vie à ça sur des morceaux plus électriques comme "I Can't Wait", "Pedestrian" ou "Agony". Mais lâcher cette frustration ne s'est pas révélé être l'exutoire espéré !


Lorsque tu as quitté Unbelievable Truth tu envisageais toujours de continuer à faire de la musique et à sortir des albums d'une manière ou d'une autre ?
Non, parce qu'à l'époque j'étais un peu fatigué par tout ça. Je n'étais vraiment pas convaincu d'être assez bon pour m'y remettre un jour. J'ai donc sincèrement cru que la musique c'était fini pour moi, qu'on ne m'y reprendrait plus, mais comme tu le vois là aussi j'ai échoué !

De quoi parlent les chansons de cet album solo ? Abordent-elles les mêmes thèmes que les albums d'Unbelievable Truth ?

J'ai commencé à écrire ces chansons vers 2003-2004. J'avais quitté le groupe, je venais de rompre avec la personne avec qui j'étais depuis plusieurs années donc toutes ces chansons parlent d'essayer de se confronter à ce qui s'est vraiment passé, au pourquoi ça n'a pas marché, et à l'obligation de retrouver un équilibre dans ma vie. Une raison d'espérer. Il y a donc aussi des chansons optimistes comme "Simple". Tout cela donne un album assez personnel. Pour moi la musique l'a toujours été. J'ai commencé à écrire des chansons parce que ça m'aidait à comprendre ce qui se passait dans ma tête, comme une forme d'auto thérapie instinctive. Je n'écris jamais une chanson pour intéresser quelqu'un d'autre que moi !


J'ai souvent l'impression que tes textes parlent de foi. De quel genre de foi s'agit-il ?
(Soupir) C'est une question difficile... Disons que je suis en quête de réponses...


Tu cherches le sens de tout ça ? Une morale ?
(Soupir) Oui, je ne sais pas. C'est intéressant de voir que tout ça ressort parfois dans mes chansons. Pendant que j'écrivais ce disque il y a un moment où je me suis penché sur le christianisme, je lisais des choses...


La Bible ?
Oui !


Tu es arrivé au bout ?
Non ! Je n'ai malheureusement pas réussi !


Donc la religion t'intéresse ?
Oui, mais pas tout le temps, c'est par période ! Tu sais, certains des plus grands écrivains russes, notamment Dostoïevski, se sont intéressés au christianisme. Et pour eux c'était moins une religion qu'une source spirituelle. Les gens en proie à un certain désespoir y cherchent souvent des réponses. Donc voilà, tout ça m'intéresse. Et c'est de la faute à Dostoïevski !


Dans "Twist Of The Knife", un de tes nouveaux morceaux, tu chantes "I don't want the world to change". Que veux-tu dire ?
Attention ! Ne va pas croire que ça veut dire que je suis un ultra conservateur. De toute façon le propos de cette chanson n'est pas politique. ça fait un bail que j'ai abandonné l'idée d'écrire à propos de la politique parce qu'à chaque fois que j'ai essayé le résultat ne me semblait pas satisfaisant.


Par exemple, il parait que "A Name", issu du deuxième album de Unbelievable Truth, est une chanson politique...
Oui, j'ai écrit cette chanson pendant que nous étions en train d'enregistrer Sorrythankyou. A l'époque il y avait la guerre du Kosovo et cette chanson parle donc de Milosevic et de ce qui se passait là-bas à ce moment-là. La musique est de Nigel. C'est une bonne chanson. Mais j'ai arrêté d'écrire ce genre de chansons. C'est trop compliqué. Parce que tu dois dire les choses en passant par des chemins de traverses, et pas frontalement, sinon la chanson perd toute sa force. "Twist Of The Knife" n'est donc pas une chanson politique, mais au contraire une chanson personnelle. Quand je dis que je ne veux pas que le monde change, je veux dire que je ne suis pas prêt à faire face à tous les changements qui peuvent survenir dans la vie. On n'est pas loin de ce que je chantais déjà dans "Almost Here".



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