"la caméra me permet de sublimer la douleur"
"mon deuxième long métrage parlera de maternité"
Ton DVD s’appelle Mon vit, mes œuvres. Tu te prends pour un artiste ?
Bah il n’y a pas de honte à se dire artiste. Si je prends la définition du dictionnaire je rentre dans la catégorie. Après bon ou pas, c’est autre chose. Mais il n’y a pas de honte à dire qu’on a une démarche artistique.
Parce que tu fais des sacrifices pour…
Non, moi je fais très peu de sacrifices. Mes tournages, en général, je les fais dans la joie et la bonne humeur…
Mais je me rappelle d’une scène avec LZA où tu lui dis : "Il y a un prix à payer à être harder, tu devrais le savoir." Ça veut dire que toi-même tu reconnais que ça implique une notion de sacrifice, d’investissement. Que paradoxalement c’est un sacerdoce d’être harder...
Non, mais la caméra me permet de sublimer la douleur, voilà. Sans la caméra, je n’oserais pas tout faire et le fait de mettre en scène ma douleur l’atténue beaucoup. Si je n’ai pas beaucoup de vie privée, ce qu’on me reproche, c’est parce que je m’en sers pour lui donner une dimension tragi-comique qui m’éloigne un peu du réel. Je ne suis pas quelqu’un qui discute beaucoup dans la vie privée, mais ça m’intéresse quand c’est filmé. J’ai besoin de subterfuges pour me pousser dans mes retranchements. Et plus je vieillis plus j’ai besoin de subterfuges. C’est peut-être une période.
Tout à l’heure tu disais que tu allais arrêter de boire et te droguer, devant la caméra comme dans la vie privée et que tu allais te tourner vers d’autres thèmes, d’autres sujets. Lesquels ?
Là je suis en train de tourner mon deuxième long-métrage, qui devrait s’appeler Les mouvements du bassin. Le sujet, je ne te le donnerai pas parce qu’il est très tôt pour en parler, mais ce n’est pas du tout basé sur l’alcool, la drogue ni même le sexe, c’est plus tourné vers mon esprit, des choses que je ne voulais pas regarder avant. En gros, ça va parler de maternité, de désir d’avoir un enfant, mais à ma façon.
Ta crise de la quarantaine ?
Non, quand tu verras le film tu verras que ce n’est pas l’expression d’une crise de la quarantaine. D’ailleurs je ne joue même pas dans le film. Tu aimerais bien réagir toi derrière (il parle à sa copine, Gwen, Nda) ? Non, s’il te plait, ne dis pas la vérité ! Tiens tu peux fermer la fenêtre, s’il te plait Gwen ? Mais ne dis pas la vérité.
Elle : Il y a juste des choses avec lesquelles je ne suis pas d’accord. Comme d’habitude tu es en train de jouer ton personnage.
Lui : Le truc c’est que les gens s’évertuent à vouloir soit que j’aille voir un psy soit à croire que je joue un personnage…
Elle : Mais…
Lui : Oh, tais-toi, toi ! Laisse-moi faire mon speech ! Tu peux mettre l’incident de cette jeune femme dans l’interview.
Elle : Ce qu’il ne faut pas oublier, je fais juste une parenthèse, c’est que je partage sa vie depuis 1 an. D’ailleurs je suis dans le DVD, mais je suis différente de toutes ces personnes qu’il y a dans le DVD et qui participent au côté destroy de HPG. Moi je connais Hervé, je ne connais pas HPG. Tout à l’heure tu lui demandais s’il faisait ses courts-métrages pour quitter le porno et rejoindre le cinéma traditionnel. Aujourd’hui je te le dis, Hervé veut dissocier les deux univers. Et ça va tout à fait avec la voix-off que je fais sur le DVD, où j’explique justement que j’en ai ras-le-bol de certaines attitudes de HPG.
Lui : Tu peux dire que je suis dominé par Gwen, qui n’a que 21 ans.
Elle : Hervé, c’est aussi quelqu’un d’humain.
Lui : Mais-le ça, ça lui fera plaisir.
Quelque part, les gens qui rentrent dans ton trip légitiment ton personnage et font de toi une sorte de gourou.
Elle : Exactement.
Lui : Oui, peut-être, je ne sais pas.
C’est ce que je disais tout à l’heure : ces gens désir être galvanisé par quelqu’un qui fait ce qu’ils ne font pas.
Oui, c’est ça, ok, il y a une dimension christique.
Costes, tu connais ?
Oui.
Lui assume clairement de parler de la dimension christique de ses performances. Et je trouve que tu as pas mal de point commun avec lui, dans ton approche artistique du corps, de sa monstruosité, de sa bêtise…
Oui, vu que ce qu’il fait et ce que je fais, je serai mal placé pour dire qu’il n’y a pas de lien.
Tu connais bien ce qu’il fait ?
J’approuve, mais je ne connais pas assez sa dimension politique et les tenants et les aboutissants de son travail donc je ne peux pas me permettre de critiquer. D’ailleurs je ne connais pas l’évolution de son travail et c’est ça qui important chez quelqu’un : l’évolution de son travail.
Il y a d’autres artistes dont tu te sens proche, des artistes qui t’intéressent ?
Euh… Je ne sais pas, cite-moi en.
Dans le DVD on voit que chez toi tu écoutes les Stones.
Oui, je n’ai pas de goût précis, mais c’est vrai qu’en musique, je suis bien branché Stones. Sinon je t’avouerai que je suis pas mal centré sur moi-même et que je ne me cultive pas trop. Parfois on m’emmène voir des films, pas forcément ceux que j’irais voir, par à priori, mais je suis content de les voir. Et puis il y a vraiment un truc que je ne fais pas assez, c’est d’aller aux musées. Mais voilà, j’ai une boîte de prod et ça me prend beaucoup de temps. Ce que je te dis là ce n’est donc qu’une excuse. Et il n’y a pas d’excuse pour expliquer le fait de ne pas se cultiver. Si on m’aime, on n’a qu’à me conseiller un bouquin que j’essaierai de lire.
A propos de ta boîte, depuis quand existe-t-elle et comment marche-t-elle ?
Elle existe depuis 6-7 ans et elle marche difficilement parce que le DVD vit ses dernières années. Maintenant soit tu vends aux chaînes câblées soit tu vends sur Internet. Donc je suis en train d’essayer de m’adapter à cette évolution. Ce n’est pas évident. Ça implique une restructuration qui touche beaucoup d’entreprises dans la musique comme dans le cinéma. Même les magazines où tu bosses doivent être touché par la concurrence des magazines en ligne. On en est tous au même point. Peu vont rester, il faut bien se placer dès maintenant.
Combien de personnes emploies-tu ?
Je suis le seul employé. Les autres personnes, je les embauche pour des contrats à durée déterminée. Ça me permet d’être libre.
Qui a eu l’idée de son logo HPG qui forme une bite ?
Un très bon ami à moi, Louis-Felix Perraud. Il voulait d’ailleurs que je lui donne de l’argent pour ce logo, mais il est mort avant, le pauvre.
Tout à l’heure on parlait de ta "sortie du X". Que penses-tu des autres acteur porno qui ont essayé de "sortir du X" ?
Je n’en connais pas beaucoup.
Rocco Siffredi...
Dans Romance ? Il joue super mal. Parce que Rocco c’est un mec intelligent, un bon businessman et un excellent harder, mais ce n’est pas un bon acteur de traditionnel. C’est juste que Catherine Breillat a été attirée par son gros sexe, on ne sait pas pourquoi d’ailleurs, elle aurait pu prendre une bite française comme la mienne. Et ce n’est pas parce qu’on prend un acteur porno qui joue mal dans un film que ça signifie qu’il a voulu sortir du X.
Coralin Trin Thi...
Qu’est-ce qu’elle a fait ?
Elle : Elle a écrit des bouquins. C’est bien d’ailleurs.
Lui : Tu vois, elle est belle et elle va finir assise-là à répondre aux questions à ma place. Donne-moi des exemples de gens qui en dehors du porno ont fait autre chose que moi je puisse apprécier parce que pour l’instant ceux que tu me cites je n’en pense pas grand-chose, si ce n’est qu’ils ont du courage de faire ce qu’ils font et qu’humainement ce sont sans doute des gens bien. Sebastian Barrio a fait quelques films traditionnels, mais bon... J’aimerais te dire que je les apprécie parce que comme c’est un petit milieu je vais être amener à les recroiser mais non. De toute façon je ne voue pas un culte aux acteurs parce que très peu de gens jouent bien.
Elle : Nina Roberts joue bien dans ton film.
Lui : Oui, c’est vrai. Mais Gwen, s’il te plait, tais-toi ! Tu vas mettre Gwen dans l’interview ?
Pourquoi pas. Je verrais. Dans les films traditionnels qui incorporent aujourd’hui des scènes de sexe explicite, lesquels t’ont interpellé ?
Il y a le film de Chéreau.
Intimité ?
Oui, je le trouve remarquablement bien fait. Un peu trop intello pour moi mais très bien fait. Cite-moi des exemples.
Les films de Brisseau ?
Je le connais, j’aime plutôt bien ce qu’il fait, d’ailleurs je vais sans doute être amené à travailler avec lui ou avec des personnes avec qui il travaille. Mais bon voilà, comme je veux intégrer le monde du cinéma traditionnel et qu’ils ont déjà assez de mal à m’accepter, je ne vais pas trop l’ouvrir parce que je préfère cracher dans la soupe une fois que je l’ai mangée, pas avant.
Les films de Breillat ?
Nulle. J’ai été sur un de ses tournages. Elle a tenu à ce qu’on bosse sans préservatif. Elle nous a vraiment pris pour des cons. Elle a fait d’excellents films, mais là je ne comprends pas ce qu’elle fait. Je n’aime plus du tout. Je dis ça parce que je sais qu’elle ne m’embauchera jamais. Tu as d’autres exemples ?
Elle : Wonderland. Un film américain sur l’histoire vraie d’un acteur porno
Lui : Oui, c’est très bien ça, mais Gwen, encore une fois, je t’en prie tais-toi. Quand tu auras tes interviews, moi je ne serai pas là.
Elle : Oui, mais vous cherchiez un film. Wonderland.
Ok, merci.
Je n’ai pas été trop court dans mes réponses ?