21 janvier 2008
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23:20
Inutile et hors d’usage ?
Bon, ça fait maintenant plus d’un mois que j’ai son nouveau disque (sorti le 14 janvier) et je dois dire, sacrilège, qu’il ne squatte pas ma platine. Je dis "sacrilège" parce que tout le monde semble le trouver génial. Depuis Crève-Cœur, tout le monde semble trouver tout ce que fait Daniel Darc génial.
Perso, écouter Amours Suprêmes me fait l'effet de perdre 40 minutes de ma vie. Au départ j’ai mis ça sur le compte du précédent. Ce disque, je ne pouvais pas l’aimer d’emblée vu l’empreinte laissée par Crève-Cœur. Puis j’ai mis ça sur le compte des premières écoutes. J’allais m’y faire à ce disque, ce n’était qu’une question de temps. Foutaise. La vérité c’est que ce disque n’est pas un bon.
Je dis "vérité" parce que j’aurais adoré l’aimer. Parce que j’aime bien le type en plus. (Je l’ai déjà interviewé, ici.) Mais voilà, cette fois il est question du disque, pas de l’homme. Or voilà ce qu’on essaie de nous vendre : la rock credibility du survivor des eighties. Que voulez-vous ? De la souffrance, de l’authentique, de la rock, n’est-ce pas ce que veulent les fans ? Du mythe ? Sans doute, mais ce que veulent les autres, mécréants, c’est surtout de bonnes chansons. Et c’est là que le bât blesse avec Amours Suprêmes : il en est dépourvu.
Sur Crève-Cœur il y avait de l’envie, du mordant, de la pudeur. La trique du retour aux affaires. Là, il n’y a que redite. Daniel nous ressert le thème éculé des regrets ("Les remords"), se roule dans la fange d’une mythologie rock périmée ("L.U.V"), nous narre sa nuit avec une gothique qui préfère le border ("La seule fille sur terre"). Ces 10 titres n’ont rien d'excitant. Même "J’irai au paradis", single que j’avais cru punchy, se montre vite mimant une vaillance rock que Daniel ne peut plus se permettre.
Paradoxe, de cet album pantoufle c’est le morceau le plus vain qui me reste en tête : "L.U.V", le duo languide avec Bashung en guise de béquille. Etrangement on ne se défait pas facilement de ce down tempo où deux gâteux déballent les sonorités U.S. qui les ont fait rêver. On se plait à le fredonner (peut-être parce que ça joue enfin, que ça s’amuse) mais on ne peut pas non plus s’empêcher de penser que c’est du gâchis vu les forces en présence, du gâchis comme tout le reste du disque (et dire que Wyatt a fait des respirations sur "Ça ne sert à rien", putain ça sert à quoi de faire faire des respirations à Robert Wyatt !? on ne les entend même pas).
Amours Suprêmes est un pari perdu d’avance. Reprendre Frédéric Lo et Daniel et attendre que la magie de Crève-Cœur revienne c’était perdu d’avance. La magie ça ne se décrète pas. La magie c’était que Daniel rencontre Frédéric en 2002 après 10 ans de débâcle et qu’ils fassent si bien la paire que l’idée de sortir un disque est venue d’elle-même. La magie ce n’est pas lorsqu'en 2006, après 3 ans de succès, pression des fans et label oblige, ils se sentent contraints de remettre ça.
On ne nous cache pas que le binôme a galéré pour livrer cette suite. Mais on nous ment en nous disant qu’en juin 2007 ils ont enfin trouvé l’étincelle pour qu’ensuite tout se fasse vite. Dans cet album il n’y a pas un moment où musiques et mots vivent le grand amour. Elles sont les chansons taillées à la serpe qui nous faisaient communier à genoux avec Daniel. Ici on s’enlise dans une sensualité rock variétoche où des textes sans flammes nous font sentir combien Daniel aurait préféré se taire. Ne pas se prendre la tête. Ne plus parler de lui. Voilà, ce disque on dirait qu’il l’a fait à contrecœur. Je dis "à contrecœur", ç’aurait fait un bon titre, vous ne trouvez pas ?
Allez, en attendant que Daniel renaisse à nouveau de ses cendres (ce que j'espère), je vais réécouter Crève-Cœur et lire les papiers emphatiques de mes confrères sur cet Amours Suprêmes. Il se peut que ça me fasse rire...
Bon, ça fait maintenant plus d’un mois que j’ai son nouveau disque (sorti le 14 janvier) et je dois dire, sacrilège, qu’il ne squatte pas ma platine. Je dis "sacrilège" parce que tout le monde semble le trouver génial. Depuis Crève-Cœur, tout le monde semble trouver tout ce que fait Daniel Darc génial.
Perso, écouter Amours Suprêmes me fait l'effet de perdre 40 minutes de ma vie. Au départ j’ai mis ça sur le compte du précédent. Ce disque, je ne pouvais pas l’aimer d’emblée vu l’empreinte laissée par Crève-Cœur. Puis j’ai mis ça sur le compte des premières écoutes. J’allais m’y faire à ce disque, ce n’était qu’une question de temps. Foutaise. La vérité c’est que ce disque n’est pas un bon.
Je dis "vérité" parce que j’aurais adoré l’aimer. Parce que j’aime bien le type en plus. (Je l’ai déjà interviewé, ici.) Mais voilà, cette fois il est question du disque, pas de l’homme. Or voilà ce qu’on essaie de nous vendre : la rock credibility du survivor des eighties. Que voulez-vous ? De la souffrance, de l’authentique, de la rock, n’est-ce pas ce que veulent les fans ? Du mythe ? Sans doute, mais ce que veulent les autres, mécréants, c’est surtout de bonnes chansons. Et c’est là que le bât blesse avec Amours Suprêmes : il en est dépourvu.
Sur Crève-Cœur il y avait de l’envie, du mordant, de la pudeur. La trique du retour aux affaires. Là, il n’y a que redite. Daniel nous ressert le thème éculé des regrets ("Les remords"), se roule dans la fange d’une mythologie rock périmée ("L.U.V"), nous narre sa nuit avec une gothique qui préfère le border ("La seule fille sur terre"). Ces 10 titres n’ont rien d'excitant. Même "J’irai au paradis", single que j’avais cru punchy, se montre vite mimant une vaillance rock que Daniel ne peut plus se permettre.
Paradoxe, de cet album pantoufle c’est le morceau le plus vain qui me reste en tête : "L.U.V", le duo languide avec Bashung en guise de béquille. Etrangement on ne se défait pas facilement de ce down tempo où deux gâteux déballent les sonorités U.S. qui les ont fait rêver. On se plait à le fredonner (peut-être parce que ça joue enfin, que ça s’amuse) mais on ne peut pas non plus s’empêcher de penser que c’est du gâchis vu les forces en présence, du gâchis comme tout le reste du disque (et dire que Wyatt a fait des respirations sur "Ça ne sert à rien", putain ça sert à quoi de faire faire des respirations à Robert Wyatt !? on ne les entend même pas).
Amours Suprêmes est un pari perdu d’avance. Reprendre Frédéric Lo et Daniel et attendre que la magie de Crève-Cœur revienne c’était perdu d’avance. La magie ça ne se décrète pas. La magie c’était que Daniel rencontre Frédéric en 2002 après 10 ans de débâcle et qu’ils fassent si bien la paire que l’idée de sortir un disque est venue d’elle-même. La magie ce n’est pas lorsqu'en 2006, après 3 ans de succès, pression des fans et label oblige, ils se sentent contraints de remettre ça.
On ne nous cache pas que le binôme a galéré pour livrer cette suite. Mais on nous ment en nous disant qu’en juin 2007 ils ont enfin trouvé l’étincelle pour qu’ensuite tout se fasse vite. Dans cet album il n’y a pas un moment où musiques et mots vivent le grand amour. Elles sont les chansons taillées à la serpe qui nous faisaient communier à genoux avec Daniel. Ici on s’enlise dans une sensualité rock variétoche où des textes sans flammes nous font sentir combien Daniel aurait préféré se taire. Ne pas se prendre la tête. Ne plus parler de lui. Voilà, ce disque on dirait qu’il l’a fait à contrecœur. Je dis "à contrecœur", ç’aurait fait un bon titre, vous ne trouvez pas ?
Allez, en attendant que Daniel renaisse à nouveau de ses cendres (ce que j'espère), je vais réécouter Crève-Cœur et lire les papiers emphatiques de mes confrères sur cet Amours Suprêmes. Il se peut que ça me fasse rire...