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  • : PARLHOT
  • : Parlhot cherche à remettre l'art de l'interview au cœur de la critique rock. Parce que chroniquer des CD derrière son ordi, c'est cool, je le fais aussi, mais le faire en face du groupe en se permettant de parler d'autres choses, souvent c'est mieux, non ?
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9 juin 2006 5 09 /06 /juin /2006 01:36
Désarmant





"L'Asphaltine, c'est le côté aseptisé de notre civilisation"

"Que la Californie sombre dans l’océan : quoi de plus normal ?"






Le titre de l’album est Néons Blancs et Asphaltine. Qu’est-ce que l’Asphaltine ?

C’est un néologisme, un mot qui n’existe pas. C’est sorti de mon cerveau malade ! (rires) Ce titre là est venu en fait en allant à un concert dans l’est, et donc pendant que je faisais des heures autoroutes où j’étais passager. J’avais la chance de ne pas conduire et je regardais en fait la route défiler et ça m’a inspiré ça. En fait, au début, c’était l’asphalte. Asphaltine est venu rapidement et ensuite, sur ce coté un petit peu superficiel, un petit peu aseptisé de notre civilisation, je trouvais que le néon était assez parlant, avec toutes ces vitrines assez clinquantes. Par exemple, j’avais été en Thaïlande et ça m’avait pas mal choqué par ce que dans toute l’Asie du sud-est, ils sont vraiment fans de tout ce qui est néons, lumières clignotantes, il y a un coté vraiment très clinquant, très racoleur et je trouve ça assez symbolique de notre civilisation où il faut forcément attiré le chaland, il faut forcément attirer les mouches pour leur vendre n’importe quoi.

Dans cet album, j’ai l’impression que tu transformes en ruine tout ce que tu vois, mais qu'en même temps tu réecnhante tout par les ruines… il y a ce coté magique et fascinant, très "Ashes to Ashes" finalement de la ruine, de la cendre, de la poussière, le coté assez fertile de tout ça… "San Andreas", c’est en référence à la faille du même nom ?

Bon, c’est schématique parce que ce n’est pas vraiment ce que je pense, mais quelque part l’idée que La Californie disparaisse un jour dans l’océan, tu peux te dire : "Quoi de plus normal ?", c’est un lieu tellement étrange, tellement surnaturel, tellement too much, tellement plein de fric, tellement grossier que ça ne peut qu’un jour s’effondrer, se détacher du reste du globe et disparaître au fond des océans. Et géographiquement, c’est sur la faille. C’est ce parallèle que je trouvais vraiment (pas rigolo parce que ça n’a rien de rigolo et je ne souhaite pas que La Californie disparaisse), mais je trouve qu’il y a une ironie du sort à ce que peut-être l’endroit le plus superficiel du monde soit sur une faille où l’on sait qu’un jour ça va disparaître.

Comment t’es venu le titre du 7 titres, Le Long Train Lent et les Beaux Imbéciles ?
En fait, c’est une note de pochette dans un album de Bob Dylan où il parle du beau train lent et des étrangers où je ne sais quoi. Ce n’est pas la phrase exacte, mais je me souviens que ça m’avait marqué. Le début de la phrase est le même et puis après j’aimais bien cette apologie de la lenteur. Je trouve qu’il n’y a rien de plus cinématographique que quand on voyage dans un train et qu’on regarde par la fenêtre, j’aime bien aussi tout cet univers. Quand on fait un trajet d’une heure dans un train on chope comme ça des petits morceaux de vie, des choses qui ont l’air complètement anodine, ça peut être des immeubles quand on passe à coté d’une cité, ou le long de la voix de chemin de fer, c’est des endroits qui sont complètement négligés, le genre d’endroits que personne n’aime et si on commence à regarder un petit peu plus précisément je trouve que ça peut être vraiment poétique.

Qui a fait la pochette ?

C’est le travail d’un illustrateur qui s’appelle Julien Pacaud, que j’ai découvert par un site, hinah, qui est très branché folk-indé, mais qui a aussi une partie art graphique avec beaucoup d’illustrateurs photographes qui font des petites expos. Et voilà j’étais tombé sur le travail de ce Julien et j’avais trouvé cela vraiment bien. Donc en fait je l’ai contacté et il fait un travail original pour l’album. Je lui avais fait écouter le 7 titres, je n’avais pas encore de quoi lui faire écouter l’album quand il a commencé à travailler dessus, donc il s’est inspiré juste des titres des morceaux et de l’univers du premier disque pour faire quelque chose d’original qu’après on a retravaillé avec Stéphanie pour le mettre en page.

D’où vient
l'Arche de Noé volante sur la pochette du 7 titres ?
C’est une sorte de bateau volant que j’avais trouvé dans un vieux bouquin qui traînait dans un grenier en fait, c’est une sorte de sous Jules Vernes, un bouquin qui n’est pas terrible mais où il y a de belles illustrations. J’étais tombé là-dessus, c’était un peu l’évidence pour moi que c’était forcément la pochette. Je trouvais que ça correspondait bien à l’univers du disque, ce coté un peu bout de ficelle, un peu désuet.

Tu ne voulais pas mettre ta photo sur la pochette ?
Non ! pas du tout, hors de question (rires). Ça se fait beaucoup dans la chanson française. Sans doute que commercialement, c’est viable, sinon ils arrêteraient de le faire, mais moi je suis un peu lassé de ça, je n’avais pas du tout envie de mettre ma trogne en couverture. Et puis, d’une manière générale, je trouve que c’est un petit peu déplacé de se mettre en avant comme ça. Peut-être qu’un jour je le ferai, je ne sais pas, parce qu'on me forcera ou que je me dirai : "Allez, c’est peut-être l’heure de la mettre !". Non, je préférais faire un truc plus graphique.

Pour prolonger graphiquement l’univers musical ?
A tous les niveaux, sur tous les supports promotion, sur les disques, sur le site Internet. On essaie vraiment que tout soit cohérent pour que ce soit le prolongement ce cette bulle dont tu parlais sur scène.

Tu as pensé aux projections vidéo sur scène ?
Oui, à terme. Pour l’instant je ne connais grand monde et je n’en ai pas parlé non plus parce qu’il y aussi un souci de simplicité. Car ce qui est super agréable c’est quand même de pouvoir aller n’importe où et n’importe quand. Si on m’appelle cet après midi pour aller jouer ce soir dans une salle sur Paris ou même à 100 kilomètres de Paris, je peux : je passe chez moi prendre ma guitare donc il y a vraiment un élément séduisant là-dedans. Maintenant c’est vrai que j’aimerais bien étoffer le coté scénique, en jouant un peu plus sur les lumières, en mettant pourquoi pas des projections. Il y a plein de choses à faire, là-dessus je ne me fais pas de soucis. Je ne suis pas prêt d’être lassé en fait.

Après cet album ne vas-tu pas avoir du mal à retourner à quelque chose de plus rock avec eNola ?
Non, parce que parallèlement on continue à jouer, on n’essaie de ne pas cumuler ni les concerts ni les sorties de disque. L’album d’Enola devrait sortir en mars 2005, mais après au quotidien moi je fais souvent les deux en même temps. Je peux très bien travailler sur mon disque dans la journée puis le soir je vais répéter avec mes petits camarades.

Le projet solo influence-t-il eNola ?

Oui, par opposition en fait. C’est-à-dire que quelque part l’album d’eNola devait être beaucoup plus calme au départ quand on a commencé à l’écrire et le fait que moi j’embraye dans un projet solo où c’était très soft on a opté pour les morceaux les plus pop rock. Bon, ils ne sont pas pour autant très très rock, ça reste assez soft. Je ne pense pas que ce soit plus accrocheur, c’est plus personnel par rapport au premier disque, c’est indéniable, c’est surtout que c’est plus rêche. Autant sur l’album d’Armand Méliès c’est assez dépouillé, autant sur l’album d’eNola on a fait un truc qui est beaucoup plus brute. On a enregistré quasiment live en quinze jours, il n’y a quasiment pas d’arrangements supplémentaires, dès fois on a rajouté une guitare, un clavier, mais c’est tout. C’est assez rêche, assez brute de décoffrage (nda : Malheureusement, comme nous l'apprendront plus tard de la bouche même d'Arman, le deuxième album d'eNola ne verra jamais le jour, ce que confirmera un mot sur leur site officiel posté le 11 mars 2005 : "Après 5 ans d’activité et un premier album paru en 2002, le groupe francilien jette l'éponge. A l’origine de cette séparation, la mésentente de plus en plus évidente avec leur label, Jaff, et les conditions de travail qui en découlent. Découragés par une collaboration qui, au fil des mois, s’est avérée de plus en plus conflictuelle, et dans l’incapacité, dans ces conditions, de finaliser correctement un album sur lequel le quintet travaillait depuis près de deux ans et demi, les membres du groupe ont finalement décidé de mettre un terme à cette singulière aventure musicale")
.

Ce n’est pas non plus ce qu’on peut entendre chez Luke, non ?
Non, après dans les compositions c’est beaucoup plus soft, beaucoup plus pop, mais sans fioritures.

Qu’en penses-tu, vite fait, de ce deuxième album de Luke ?
Je suis assez partagé. J’étais fan du premier, je l’aimais beaucoup, je trouvais que c’était vraiment personnel pour le coup, ça ne ressemblait à rien, et en même temps c’était super bien, les morceaux étaient très biens, les textes étaient magnifiques. Le deuxième, il est forcément plus directement accessible. Disons que je suis moins fan. Je suis moins fan de rock français de toute façon. Autant j’aime bien la chanson française, autant je préfère aller voir ailleurs si on parle vraiment de rock. Je trouve que le rock franco-français c’est toujours un peu limité. Du coup, ils ont perdu un peu en singularité sur ce disque, mais après je vais les voir bientôt sur scène et à priori c’est vachement bien sur scène, car ça reste bien écrit, les textes sont toujours aussi biens, mais c’est moins ma tasse de thé.

Tu dis aimer la chanson française plus que le rock français. Alexandre Varlet, connais-tu ? Je trouve qu’il y a quelques accointances entre vous, dans le chant, l’univers mélancolique et maritime…
Oui, on me l’a dit. Ce n’est pas une référence qui revient souvent, peut-être parce qu’il n’est pas très connu, mais c’est revenu de temps en temps. Oui, pourquoi pas ? Après il a un côté peut-être un peu plus dandy, un petit plus hautain, voire cynique dans ses textes que je me refuse. Je ne parle pas de lui, parce que chez lui ça reste très subtil, mais de manière générale je suis assez écœuré par le cynisme dans lequel on baigne, à tous les niveaux. On allume la télé, c’est écœurant. Donc c’est quelque chose que je me refuse, j’évite de verser là-dedans. Du coup après mes textes peuvent peut-être paraître affreusement premier degré et peut-être qu’on peut dire : "Il est vraiment triste, il est vraiment ennuyeux, il est vraiment déprimé", je ne sais pas, mais à la limite je préfère peut-être paraître trop premier degré que d’être un peu trop cynique.


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commentaires

J
mon IP te suis à la trace tinkietes<br /> c bizarre le net hein? c parfois kan meme ne sorte de faux dialogue (pas toujours). On peut être bcp lu, écouté, et apprécié, mais le zappinf du net fait que laisser un comment, meme 2 mots de feedback (ce qui pourrait ressembler à une sorte de politesse) est un reflexe inconnu. Ca manque d'éducation ptetre.<br /> Par contre j'insiste un chouia mais l'obligation de laisser une trace de son IP ça aide pas à la confidentialité )- ceci dit t'es pas pigiste pour Al-quaida Rocknroll Circus alors...
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S
Oui, ton IP a sa truffe collée à mes basques on dirait !C'est vrai qu'il faudrait développer une sorte de politesse du commentaire on line, pour indiquer une trace de son passage au moins, qualifier la quantité (maigre ou pas)Oui, tinquiète, je suis pas encore pigiste pour Al-quaida :-)T'a bien aimé cette itw sur (encore lui) Méliès ?Bientôt je vais passer à d'autres choses, hein !Tcho
S
C'est vrai, ralala ! Scrogneugneu même. Et merci de ce comentaire, ça fait des plombes qu'on ne m'en n'a pas laissé et j'ai un peu l'impression d'avancer dans le désert... J'espère que tu vas bien.
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J
c rare de trouver Joseph arthur cité comme référence, rapport aux jeu de boucle sur scène. Perso moi aussi ça m'avait scotché. Et dire que ce type en est à 4 albums et si peu connu en France, ralalala
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