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  • : PARLHOT
  • : Parlhot cherche à remettre l'art de l'interview au cœur de la critique rock. Parce que chroniquer des CD derrière son ordi, c'est cool, je le fais aussi, mais le faire en face du groupe en se permettant de parler d'autres choses, souvent c'est mieux, non ?
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27 février 2009 5 27 /02 /février /2009 11:02
Jane d'un seul ?




Le 3 mars, Chloé Mons sera en concert au Grand Rex. Elle y dévoilera sans doute des chansons du nouvel album qu'elle est en train de préparer. L'occasion pour moi de vous faire partager la discussion qu'elle et moi avons eue en octobre 2006 autour de la sortie de ses deux précédents disques, La Ballade de Calamity Jane et Chienne d'un seul.

Enfermée dans le bureau vacant d'une attachée de presse du label Naïve, Chloé Mons me fait face, lovée dans un fauteuil en cuir. 60-70 centimètres nous séparent. Quelques centimètres d'une surface plane en désordre où trône le doux visage maquillé de Marilyn Monroe en une des Inrocks et mon dictaphone qui entame son ronron d'être en si bonne compagnie. Nous sommes là pour parler de La ballade de Calamity Jane, un disque qu'elle a réalisé avec Alain Bashung (son mari) et Rodolphe Burger (un ami) et qui, à l'heure de notre rencontre, sort dans moins d'une semaine. A mon étonnement on parlera aussi d'un autre disque qu'elle sortira de son sac au cours de la discussion. Ce disque c'est Chienne d'un seul, un album plus personnelle (sans les contributions de Bashung et de Burger), autoproduit (Osez Joséphine Musique) et non distribué dans les bacs (en vente sur son site).


Cinéma, rock, amour, écriture, amour, égérie : sans doute trop occupée à parler de tout ce qui l'anime avec un journaliste (ce qui ne lui arrive pas souvent vu sa faible notoriété) celle qu'on voit drapée de fumée sur les photos bleutées que Christophe a pris d'elle pour Chienne d'un seul ne prendra même pas le temps de s'en griller une. Chloé n'a plus la silhouette de la toute jeune femme que montrent les photos de Tom Sewell, elle est presque pire : d'une beauté imparfaite et généreuse qui laisse place à l'imaginaire. De toute l'interview, je ne saurai dire qui de ses seins affleurant de sa robe ou de ses grands yeux eyelashés m'a le plus tourmenté. A moins que ce ne soit sa voix troublante oscillant sans cesse entre les graves gouailleurs de Béatrice Dalle, les inflexions nasillardes de Catherine Breillat et la fraîcheur sucrée d'une jeune fille. En tous cas, vous l'aurez compris, Chloé est à mille titres captivante. Magnétique. Magnéto.



"La musique, c'est ce que j'ai dans le ventre"


"Brisseau m'intéresse, il cherche un truc"



Savez-vous quelle image vous avez dans le milieu de la musique et dans celui du cinéma ?
Non, pas vraiment. Pour ce qui est du cinéma, c'est dur de répondre car je n'y ai pas encore fait ce que j'avais envie de faire. Pour l'instant, je n'y ai fait que des passages anecdotiques, qui étaient agréables à faire, mais qui restent anecdotiques.


De quand date votre premier rôle au cinéma ?
Je ne sais plus.


D'après ce que dit votre site cela remonterait à 1998.
Ah ! Vous êtes allé sur le site. Il est joli, hein ?


Oui.
J'ai beaucoup travaillé dessus. Alors ouais, c'est ça. Et puis avant, j'ai fait le Conservatoire et c'est vrai que je ne suis pas encore comblée niveau cinéma, pas du tout.


A ce jour, vous vous êtes plus réalisée dans la musique que dans le cinéma ?
Ah oui (soupir) ! Parce que j'ai fait ce que je voulais. Je compose, j'écris, je ne suis l'outil de personne. Ce qui est agréable au cinéma, c'est d'être l'outil de quelqu'un.


Mais encore faut-il trouver la bonne personne.
Mais voilà, il faut pouvoir être un outil intéressant dans le projet et l'univers de quelqu'un qui nous plait, sinon c'est très frustrant, je trouve. Là, la musique, ma musique, c'est quelque chose.


Actuellement entre vous et le cinéma c'est en stand by ?
Je suis total open, mais je ne cours pas après. Je ne fais pas du tout de démarches, parce que d'abord la musique me prend beaucoup de temps, avec les concerts, etc. et la musique c'est d'abord ça que j'ai dans le ventre. C'est ça qui prime.


La musique vous habite plus que le cinéma ?
La musique, c'est mes mots, c'est mes histoires... Je suppose qu'un metteur en scène habite beaucoup plus son projet qu'un acteur. Forcément. Dans les chansons que je fais, j'ai l'impression de raconter mes petits films. La manière dont je les chante c'est la manière dont je les entends C'est ce que j'ai dans la tête, c'est un peu ma vie. Tout vient de moi, donc c'est forcément très agréable.


Mais un acteur est-il fatalement vide de cinéma lorsqu'il tourne pas ?
Je pense que lorsqu'on est très bien connecté avec un metteur en scène et qu'on a un grand rôle, ça peut être fantastique. Dans ce cas-là, je pense que le metteur en scène peut vraiment nous emmener dans un univers où on lui rend quelque chose. Mais moi je n'ai jamais eu cette occasion-là.


Même pas un petit peu ?

Si, j'ai eu des petits rôles, des petites choses amusantes, mais faire deux jours de tournage ce n'est rien. Par contre, je suppose que ça doit être quelque chose de faire deux mois de tournage non stop avec une équipe et un metteur en scène. Deux mois pendant lesquels on cherche ensemble et on va dans le même sens. Là, je pense qu'on a le temps et de fantasmer et de vivre la chose et de la digérer. Alors que si on fait un ou deux jours de tournage, c'est agréable, très rigolo, on joue à la fée, à la princesse, mais ça ne reste que de chouettes petits moments volés. Ce n'est pas assez pour pouvoir s'installer dans quelque chose.


Quels sont les réalisateurs ou réalisatrices...
Qui me plaisent ?


Dont vous aimeriez qu'ils vous embarquent dans leur univers ?
(Silence.) Ah la la, je n'aime pas dire ça parce qu'après j'ai l'impression de faire de la pub...


Je vous demande juste votre ressenti. Je sais que vous avez par exemple déjà travaillez avec Claire Denis pour le clip de "Faites Monter", le single de Bashung pour L'imprudence.
Oui, Claire c'est quelqu'un dont je me sens proche en tous cas. Evidemment. C'est quelqu'un que j'aime énormément et avec qui cela serait possible parce qu'elle aime aussi les êtres décalés comme ça. (Silence.) Brisseau (Jean-Claude, Nda), je trouve que c'est intéressant ce qu'il fait ! Lui aussi il cherche quelque chose.


Vous avez vu son film, Les anges exterminateurs, qui est actuellement en salles ?
Ouais, j'ai beaucoup aimé. C'est très intéressant. Il est le seul à faire ça. (Silence. Réflexion. Elle bute. Ne trouve pas d'autres idées de réalisateurs ou réalisatrices.) Oh ! Je vais beaucoup au cinéma pourtant...


Vous êtes une grande habituée des salles obscures ?
Oui, j'aime beaucoup le cinéma. J'ai une maîtrise de cinéma.


J'ai vu ça dans votre biographie. Vous avez fait votre mémoire de maîtrise sur le thème du dos au cinéma. J'ai bien aimé le titre de votre mémoire : "Cinéma en Dos Majeur". Un titre pareil, je me suis dit qu'il justifiait à lui seul le fait d'écrire quelque chose sur le sujet ! De quoi parle concrètement votre étude ?
En bref, le sujet m'est venu parce que je me suis dit : "Un écran, c'est blanc, plat. Un dos c'est blanc, plat. Pourquoi cette surface plane imprime-t-elle tant de choses quand elle est filmée ? Pourquoi y sent-on autant de vie ? Pourquoi le dos c'est si fascinant au cinéma ? Pourquoi on le filme et qu'est-ce qui s'y passe quand on le filme ?" Parce qu'au départ, il ne se passe rien, c'est quand même un monolithe. Voilà, c'est venu de là. Et en fait, j'ai trouvé pleins de trucs (rire) !


D'autant plus qu'une surface plane et blanche permet toutes sortes de projections personnelles ?
Bien sûr ! On y retrouve forcément les fantasmes de chacun, comme au cinéma. On peut y mettre tout ce qu'on peut imaginer soi-même.


 

 

(Suite.)


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