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  • : PARLHOT
  • : Parlhot cherche à remettre l'art de l'interview au cœur de la critique rock. Parce que chroniquer des CD derrière son ordi, c'est cool, je le fais aussi, mais le faire en face du groupe en se permettant de parler d'autres choses, souvent c'est mieux, non ?
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9 octobre 2008 4 09 /10 /octobre /2008 23:40
L'intimité perdue



















Le sacré se niche parfois dans de drôles d'endroits. J'en parlais récemment avec une fille - jolie vous vous en doutez. Ado, elle trouvait le sacré dans les elfes, les fées, une certaine vision du catholicisme. Moi, c'était dans le basket-ball, une certaine vision de Michael Jordan en Nijinski pop. Après, comme vous le voyez, il y a eu la musique, l'écriture. La répétition du même dans un autre objet, obscur bien sûr. Mais le basket, tous ces gestes répétés, j'en rêve encore. Mon corps et ma tête y sont irrémédiablement perchés.


Donc voilà : au commencement était le sacré. La sensation d'entrer dans une église. Et cette sensation se niche parfois dans des disques. J'en ai refait récemment l'expérience en écoutant Aimer ce que nous sommes de Christophe. Sur ce disque deux morceaux m'ont particulièrement émus, presque aux larmes : "Mal Comme" et "It Must Be A Sign". Rien que d'en parler j'en ai les glandes qui se réveillent.


Mais ce que je tenais à vous dire c'est que dernièrement ce sentiment particulier je l'ai aussi éprouvé avec un disque dont les médias parleront moins. Ce disque c'est Aux solitudes de Jean-Philippe Goude - on dirait un titre à la Manset. Sans doute que ce nom ne vous dit rien. Pourtant ce compositeur vous a déjà touché en plein cœur. Les arrangements de "Mistral Gagnant", c'est lui ; le générique de l'émission Caractères, lui ; celui d'Un siècle d'écrivains, lui ; d'Un livre des livres, lui. J'arrête là ? Le générique de Giga, c'est encore lui.


Mais bien sûr tout ça est loin d'être de l'Art puisqu'il s'agit de travaux de commande et comme ce pianiste a la musique en haute estime depuis sa plus tendre enfance et qu'il ne souhaitait pas croupir comme arrangeur D.A. dans la "variété de qualité", en 1985 il décida de trancher. D'un côté ce sera la musique pour manger (la pub, l'audiovisuel), de l'autre le grand sa(l)ut : la musique pour lui. Sacrée.


Entre 1992 et 2001, 4 disques sortirent de cette intransigeante démarche. Paru fin août chez Ici d'ailleurs..., Aux Solitudes est le dernier en date. Celui où son style affirme sa pleine singularité. Il y a de l'onde Martenot et des violons rythmiques mais ce n'est pas du Tiersen ; des élans pop symphoniques mais ce n'est pas Sufjan Stevens ; le lyrisme tragique d'un contre-ténor mais ce n'est pas un oratorio ; des interludes de synthé parano-mystiques mais ce n'est pas la B.O. d'un Lynch ; des passages guillerets mais ce n'est pas du baroque ; des instruments classiques mais ce n'est pas de la musique pour vieux.


Aux Solitudes, c'est un peu tout ça à la fois et comme c'est un vrai voyage (de Fantasia à X Files, de La Question Humaine à Requiem For A Dream, d'Antoine Volodine à Valère Novarina), c'est impossible à décrire. Tout ce que je puis dire c'est que c'est étrange et touchant, et qu'il y a là des instants de grâce sans nom. Des moments sacrés, où une voix immense vient planer au-dessus du carnage. Apparition divine. Eplorée.


Découvrir un tel diamant noir dans le flot médiocre de l'actu CD, c'est comme d'allumer sa télé par une nuit d'insomnie, de tomber tout d'un coup sur une émission bizarre et fascinante perdue dans les fabysses de la grille des programmes et de rester happé. C'est découvrir qu'il y a toujours une quatrième dimension quelque part. Une rencontre du troisième type qui vous attend. Allez savoir où, le sacré se niche toujours dans de drôles d'endroits.


(Suite.)


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commentaires

J
ca va l'ogre est encore en train de se regoinfrer, puis il rotera, puis il aura la nausée, vomira un bon coup, sera tout livide, se regoinfrera, etc... On pese pas lourd comme amuse gueule là dedans!plusieurs piano-voix en instance de livraison pour la comedieje te mail en private la suite, de peur que mes idées fasse chuter la bourse...ou l'inverse;)
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J
t'inquiètes je le prenais pas si mal (je sui sgénétiquement betement susceptible), et surtout ton eclaircissement donne une définition bien plus proche de ce que j'essaie effectivement de faire passer. On ne saurait mieux le décrire que toi, et ça me rassure sur mes capacités à transmettre cette ambiguité qui pour moi est essentielle, parce qu'elle est pour moi (attetion un gros mot mais moi aussi j'en trouve pas d'autre) indissociable du réèl. Ou alors on se noie dans la caricature, ou le manichéisme, l'inverse n'étant pas la tiedeur ou la demi-teinte, mais bien l'ambiguité.Marrant que tu m'écoutes , Je bosse précisément maintenant sur pas mal d'autres morceaux (décidément on se croise rarement mais toujours à l'improviste et dans des espaces bien imprévisibles!). Je peux enfin m'y  mettre plus assidument on va dire, d'autant que l'actualité me rattrape mechamment, et que j'ai un peur de devenir vite inaudible dans ce chaos naissant (ou au contraire audible plus que jamais? étrange opportunité...).PAr ailleurs je cherche gravement un graphiste pour m'accompagner sur scène, si y'en a qui passe par ici (genre cartoon, simples ombre chinoises en noir et blanc, pour faire des saynétes)
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S
<br /> Hé oui, hé oui, tu réussis à te faire comprendre en musique, tu en doutais ? ;-)<br /> J'attends la suite, en espérant en effet que le réel-panic ne dévore pas tel un ogre ta création.<br /> Gloups.<br /> Go on !<br /> (Sinon tu entends quoi par graphiste ? Je veux dire comme profil ?)<br /> <br /> <br />
J
suranné, grandiloquent, vous éxagérez je trouve! suranné, suranné, mais quelle année? ;)c marrant jle vois pas comme ça!
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S
<br /> Comment tu le vois, toi ?<br /> Bon j'ai peut-être pas choisi les bons mots pour dire ce que je voulais dire mais là je suis en train de réécouter Mister X ou la Comédie de la Mondialisation et je trouve que voilà il y a une<br /> sorte de sincérité, une nudité dans le pathos qui est à la fois très touchante et au frontière du grotesque, un truc comme ça, mais c'est pas une critique négatif, au contraire, j'aime beaucoup<br /> cette ambiguité qui est dure à mettre en mots, vois-tu ? ;-)<br /> <br /> <br />
J
Et bé! Je me sens proche de  beaucoup de thèmes du monsieur, le sacré, l'experimentation, l'ambition un rien démesuré (et le deuil peut etre), les caddies, la difficulté d'exprimer la sensualité ou l'amour en musique, et surtout ne pas s'en sentir mal pour autant.Et puis cette phrase: la musique qui me plait le plus n'est pas la musique de distraction mais la musique religieuse. La musique qui me plonge dans des états où je me pose de vraies questions.Et citer  O solitude de Purcell, une putain de sacrée popsong baroque!Tout ça redonne un peu de fierté à la retenue, qui parfois est perçue à tort comme de la froideur. Ca console (mais on peut aimer aussi le bruit et la sueur). Je pars à la recherche des albums, après écoute du myspace qui n'est pour sûr qu'un petit amuse gueule. J'aime bcp les arrangements de cordes, décidément la matière sonore justement la plus sensuelle à malaxer. La voix d'opéra j'ai plus de mal,  c presque antidaté, mais voyons plus loin. Mais je vois que sur scene il projette des images??Il utilise bcp la répétition aussi.
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S
<br /> Ah, je suis content que ça te parle tout ça. Et que ça te donne envie de découvrir ses disques. Sincèrement je ne connais que son dernier album, mais c'est vraiment quelque chose qui s'écoute de A<br /> à Z, donc oui le Myspace ne suffit pas (loin de là) à rendre compte de sa musique, de l'univers dessiné par ses disques. Après c'est vrai que la voix d'Opéra fait daté mais hum ça a son marche.<br /> D'ailleurs je connais un musicien qui fait quelques morceaux assez baroques lui aussi et qui n'hésite pas, dessus, à y mettre un chant un rien grandiloquent et suranné ;-)<br /> <br /> <br />
J
et ben! tu me mets l'eau à la bouche des oreilles!
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S
<br /> Cool ;-) Tu me diras ce que tu en penses<br /> <br /> <br />