Dans la vie il y a deux types de personnes : ceux qui aiment tout Radiohead et ceux qui se contentent de sa triplette Pablo Honey / The Bends / Ok Computer. Les 5 lillois de Smile sont de ceux-là. Quand arrive Kid A, ils disent : "Stop, trop intello pour nous". Faut pas leur en vouloir, leur truc à eux c'est plutôt Oasis.
Et s'il y en a un qui est loin de leur en vouloir, c'est bien moi. Tout fan de Radiohead que je suis, j'adore Smile parce qu'avant de convoler avec Ok Computer j'ai sérieusement flirté avec la britpop. Pulp, Suede, ça vous dit quelque chose ? Et bien voilà, moi je n'étais de ceux-là. Ni Blur ni Oasis mais totalement dans le versant lyrique du mouvement. Durant la première moitié des années 90 ces deux groupes ont pondu quelques albums carrés et flamboyants qui s'écoutaient du début à la fin. Si je me suis aperçu après coup qu'Oasis en avait un - je vous laisse deviner lequel - je n'ai jamais trouvé l'équivalent chez Blur.
Bref, tout ça pour dire que le jour où Smile m'a proposé de m'envoyer son premier album, j'ai ouvert grand les bras. J'avais déjà jeté une oreille à leurs 11 titres sur Myspace et j'y avais trouvé mon compte mais ce n'était rien face au plaisir (en voie de disparition) de recevoir un disque, un vrai, avec son boîtier, sa pochette, son beau papier qui sent. Comme quoi ces mecs font les choses à l'ancienne. Et pas à moitié. Dans le livret du CD il y a même une note d'intention rédigée par leurs soins. Un truc bien mégalomane qui dit - excusez-moi j'ai la flemme de traduire : "If a band had the right to assert the heritage of anglo saxon rock, it would be Smile. The reason ? Songs, Fucking songs. Verse, Chrous, Bridge, Solo and that's it. Smille doesn't want to hide behind a lousy experimental stuff. Smile's songs can't lie. We're talking ‘bout music. Not ‘bout litterature."
Et les salauds, ils ne mentent pas. "I wanna be a star / Nothing to pretend / I just wanna bring fire in your head" Vous conviendrez avec que moi que ce n'est pas hautement philosophique, mais le morceau, "I wanna be a star", est à décorner les boeufs. Du pur rock où le chanteur crâne, où le batteur tabasse, où le gratteux ferraille. Dès que tu poses la galette, tout est dit, plié en 3 minutes. La dernière fois que j'ai ressenti ça c'était en écoutant Talia, un autre groupe rock français méconnu. A moins que ce ne soit Boris Laborde. Bref, des hymnes bourrés de testostérone à faire plier les stades, le premier album de Smile, Cafe on the left bank, en compte 11. Dont quelques délicieuses virées psychés millésimées Beatles post Rubber Soul avec sitar et zozio chantoyants. Et une ballade pour finir. Franchement, que demande le peuple ? "Love, Wisdom & Rock'n'Roll".