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  • : PARLHOT
  • : Parlhot cherche à remettre l'art de l'interview au cœur de la critique rock. Parce que chroniquer des CD derrière son ordi, c'est cool, je le fais aussi, mais le faire en face du groupe en se permettant de parler d'autres choses, souvent c'est mieux, non ?
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20 mars 2006 1 20 /03 /mars /2006 02:38

Motion capture total


Cinq jours que je suis à Cannes. Hier, Renaissance m’a reconnecté à Paris, mais pas n’importe quel Paris…


On a de quoi s’occuper dans l’appart. Mais bizarreement, on trouve toujours de quoi s’ennuyer. Alors quand on se sent comme enterré vivant dans ce bunker résidentiel et qu’il s’en faudrait de peu pour que des fantômes en profitent pour zoner ici comme le Terby de Lunar Park, on sort. Ça a l’air simple de sortir. Ça ne l’est pas quand le dernier épisode de Friends passe sur AB1. C’était dur d’éteindre la télé et de fermer la porte derrière nous. Surtout qu’aucune rediff du dit épisode n’était prévue (on a vérifié). Mais on est quand même sorti pour voir Renaissance au ciné.


Crème contre l’humanité

On a bien fait. C’est pas mal du tout Renaissance. Renaissance ? Oui, c’est le film d’animation française du moment. Vous ne pouvez pas ne pas en avoir entendu parler. A moins de vivre dans un bunker sans télé. La promo du film a été bétonnée. Avec sa typologie évoquant celle de PlayStation, le titre du film annonce d’emblée la couleur : "Bienvenue dans le troisième monde". Le troisième monde en question, c’est Paris. Pas le Paris actuellement en proie aux manifestations anti-CPE, mais un Paris fantasmé 48 ans plus tard. Et en 2054, Paris ce n’est plus VRAIMENT Paris. C’est une mégalopole high-tech et labyrinthique. Un impressionnant corset de ferraille. Sur les bases de l’ancienne capitale de 2006 se sont greffées de nouvelles fondations qui permettent aux riches d’habiter en hauteur, tandis que les plus pauvres habitent en dessous à la merci de la surpopulation et de tout le reste. Le film ne s’attarde pas sur cette dimension sociale. Mais il s’arrête dès les première secondes sur un écran publicitaire qui trône au dessus de tout ça : "Santé, Beauté, Longévité". Avalon vous accompagne tout au long de votre vie", nous promet une femme au débit hypnotique dont la peau rajeunit à vu d’œil. Avalon, c’est une multinationale qui oeuvre dans le secteur des produits cosmétiques. Elle convoite une jeune chercheuse qui vient de mettre au point le protocole de l’immortalité au nom de code Renaissance (oups ! je viens de vous faire économiser 9 € en cinéma en vous en disant trop...). Un flic taciturne et couillu part à la recherche de la jeune femme pour éviter au monde ce funeste destin.

Ville lumière
Le scénario tient la route, mais ce n’est pas le point fort du film. Le point fort c’est bien évidemment les images. Les mecs ont bossé dur (8 ans de travail et 14 millions d'euros de budget) et c’est la classe internationale. C’est ultra réaliste et ultra stylisé à la fois. Splendeur du noir et blanc et de l’animation en 3D et Motion Capture. Splendeur "cathédrale" des images sculptées comme des pierre par les contrastes. Tout est magnifié, dessiné au scalpel par les jeux d’ombre d'une lumière qui règne en maître. Tout est volume à l'encre de Chine, architecture bichromique propice à l’affrontement du Bien et du Mal. Cette histoire de machination qui menace le sort de l’humanité est plutôt convenue, mais on est surpris qu’elle prenne place dans Paris. Qu’elle s’incarne dans Paris. Ça, c’est limite une révolution tellement on est habitué à ce que ce genre d’histoires fassent le sel des blockbusters US. On est tellement habitué à leurs stéréotypes, leurs codes et leurs univers qu’on prend ici un malin plaisir à voir notre capitale et ses lieux communs (la Tour Eiffel, le Métropolitain, les Galerie Lafayette, la Fnac – merci le placement produit) être le lieu d’un tel scénario catastrophe. Pour une fois, si je puis dire, ce sont des français qui tiennent le beau rôle de sauveur du monde. Et c’en est presque exotique à voir.

Botox Planétaire
Sans Paris, Renaissance ne serait pas ce qu’il est. Il lui manquerait un personnage. Gothamisé, Blade Runnerisé, mangaïsé, Paris est en effet le personnage central du film. Un personnage-décor que les personnages-protagonistes arpentent en tout sens, ce qui nous vaut des angles de vues originaux et percutants. Dans ce Paris ville du crime, l’apocalypse snow presque en permanence comme pour surligner les ténèbres et adoucir la violence des hommes. Cette neige qui tombe semble citer ces vers de Victor Hugo, dans Les Contemplations : "Nous sommes les flocons de la neige éternelle dans l'éternelle obscurité". Le héros et l’héroïne sont beaux, héroïques et amoureux comme chez Enki Bilal. Si ce n’est qu’on nous épargne son romantisme pro-Baudelairien et son mysticisme fourre-tout. La beauté des images efface presque les quelques failles du scénario, comme elles le font fait de sa convenance. Renaissance ne laisse pas de traces impérissables, mais on passe un bon moment. A sa sortie, on tombe nez à nez avec Sharon Stone qui présente sa nouvelle beauté de quinquagénaire botoxée sur une affiche Dior : "Plus belle aujourd’hui qu’à 20 ans. Avec Capture Totale". L’ironie est mordante.


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