30 avril 2008
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Quand la musique est mode
Sorti début mars, "le premier féminin musical" a reçu un accueil chaleureux en kiosque, notamment sur Paris. Pour ma part je suis en froid avec leur postulat. Parce que Diva assimile rock et mode. Je me demande : va-t-il encourager l’industrie à produire des Micky Green en série ou va-t-il inciter les femmes à lire un féminin moins con-con que la moyenne ? Essayant de réfréner tant que possible l'Eric Zemmour qui siège en moi, je suis allé cuisiner Marie Chabanis, rédactrice en chef de ce bimestriel. Interview guerre des sexes ?
"on n'appelle pas au boycott de la bière et des clopes"
"une Diva peut tout aussi bien être un homme"
Bonjour Marie Chabanis. Alors dites-moi, quel est l’intérêt de lancer un "féminin musical" ?
C’est lié à l’évolution de l’économie de l’industrie de la musique. Les femmes ne se sentent très mal servie en matière de presse musicale, elles ne comprennent pas, pour elles ça ressemble trop à des catalogues de sorties CD. Or ce sont elles les plus grosses acheteuses de disques et de magazines et il y a de plus en plus d’artistes féminines. Avec d’autres gens on a donc senti un vrai besoin des femmes d’être informée différemment sur la musique.
Vous avez fait un sondage pour vous en assurer ?
Bien sûr, après avoir eu cette idée on a fait faire une étude de marché. Elle nous a d’ailleurs dit que notre lectorat était les 15-35 ans. Perso, j’aurais même poussé à 15-40 car aujourd’hui la femme de 40 ans en a 20. Et puis après les trois mois de travail qu’il nous a fallu pour faire notre premier numéro, on l’a testé auprès d’amis travaillant dans des radios et des maisons de disques et ils me le disaient déjà : "Génial, enfin un média qui va s’intéresser à l’acheteur principal : la femme."
Vous dites que les femmes ne comprennent pas la presse musicale existante, pourtant j’en connais qui lisent volontiers Les Inrocks…
Bien sûr, d’ailleurs j’en suis et je trouve que ça reste une super référence, très pointue, mais justement pour cette raison les lectrices le trouvent particulièrement masculin. Nous on essaie d’être plus populaire, moins élitiste.
Vous n’allez pas tenir de discours critique sur la musique ?
On ne fait pas de critique parce qu’il y a tellement d’artistes à défendre qu’on préfère parler de ceux qu’on aime. Surtout que parfois la critique se trompe. Je me souviens que des magazines musicaux ont sévèrement critiqué des albums a leur sortie alors qu’ensuite ce sont devenus de grands succès, je pense par exemple au Stairway To Heaven de Led Zeppelin. Par contre, et ça je pense que c’est un côté plus féminin, on prend du temps avec les artistes, on passe des journaux entières avec eux, on les habille, on fait notre séances photos, on ne prend jamais les photos des maisons de disques. C’est aussi pour ça qu’on fait un bimestriel, parce que tout ce travail d’image prend du temps. Et c’est très important l’image dans la musique parce qu’avec la mort du CD il y a un retour à la scène et aux codes vestimentaires. L’autre raison c’est que je ne vois pas trop l’intérêt d’être mensuel parce que je ne crois pas trop à l’idée d’actualité en musique. Quand j’achète un album, je ne le jette pas au bout d’un mois.
Mais vous n’avez pas l’impression que vous assimiler la musique à de la mode ?
Vous voulez dire qu’on dévalue la musique ? Dire ça, ce n’est pas gentil pour la mode (rires) !
Ce n’est surtout pas gentil pour la musique.
Je place les deux sur le même plan donc je ne peux pas vraiment à cette question ! Mais non je ne pense pas que cela dévalue la musique. En travaillant au jour le jour avec les artistes et le monde de la musique je vois qu’ils n’attendent que ça de travailler plus avec les gens de la mode. On essaie de trouver le bon équilibre entre mode et musique et ce n’est pas facile parce que c’est deux mondes qui se côtoient depuis toujours mais qui sont pourtant très différents. D’ailleurs en ce moment tout le monde surfe sur cette tendance.
Effectivement. Les Inrocks viennent de sortir un hors série "Les filles du rock" et multiplie les couv "rock et mode". De leur côté les féminins multiplient les articles et les séances photos sur les artistes les plus glamour. Aussi, fait notable, après 7 ans de distribution gratuite dans les lieux branchés de la capitale le magazine Modzik vous a devancé de peu en sortant en kiosque, au même prix que vous d’ailleurs (4 euros). Tous les deux vous êtes clairement sur le même créneau qui consiste à féminiser le landerneau rock l’associant le plus possible à celui de la mode.
Tant mieux si Modzik fait la même chose que nous, parce qu’il existe plusieurs magazines musicaux donc je ne vois pas pourquoi il n’existerait pas plusieurs féminins musicaux. Donc voilà : "Longue vie à Modzik aussi !"
Mais dans tout ça, je veux dire, le "danger" n’est-il pas de considérer la musique et le rock comme un simple argument marketing, le vernis tendance ultime ?
Je ne sais pas, c’est réversible. On peut aussi bien dire que la mode est devenu le vernis tendance du rock. Parce que la musique a beau avoir un côté plus profond, les musiques aussi passent et reviennent, comme la mode. Par exemple on voit bien que le retour du folk passe aussi par un gros côté mode. Je pense donc que l’un sert l’autre. Et c’est pour ça qu’un magazine comme Diva existe. On met la musique et la mode sur le même plan en se disant que l’un va servir l’autre parce qu’on est dans un monde où les gens consomment souvent les deux. Par exemple, dans la rue on sait facilement qui écoute quoi en regardant ses fringues et ça ce n’est pas nouveau, il y a 15 ans moi j’étais Curiste !
Vous dites que vous passez du temps avec les artistes, mais je n’ai pas lu d’articles fleuves dans Diva…
La dure réalité de la maquette nous oblige à couper un peu les articles, mais on essaie d’enlever le superflu pour ne garder que l’essentiel. D’ailleurs chez nous contrairement à ce qui est pratiqué ailleurs, le calibrage des articles est décidé une fois que l’interviews a été faite comme ça on peut réagir en conséquence de ce qu’on a obtenu. Et puis, dernier point, on pourrait nous taxer de faire un magazine musical pipole, mais ce n’est pas du tout le cas parce qu’on parle autant des têtes d’affiches que des débutants. Mais c’est sûr que lorsqu’on rencontre un artiste qui a déjà une longue carrière derrière lui comme Franck Black il a logiquement plus de choses à raconter. Dans ce cas on fait une double page. Franck Black, on aurait pu rester 15 jours à discuter avec lui.
De part son éditorial et sa maquette Diva est assez "girly". Une femme ce n’est pas forcément "girly"…
Diva n’a pas été pensé pour être girly, il a été pensé comme un féminin, c’est-à-dire un mag qui parle de tout ce qui intéresse les femmes et toutes les femmes aiment la mode et la musique. Girly, je ne sais même pas ce que ça veut dire, je n’avais jamais entendu ce terme. Mais après c’est sûr que tous les magazines ont tendance verser dans la caricature de leur lectorat donc c’est une bonne remarque et je ferai attention à ce qu’on ne tombe pas là-dedans.
Finalement derrière tout ça le problème c’est un peu de savoir ce qui est typiquement féminin et ce qui ne l’est pas. Dernièrement le GQ français s’est posé la même question pour les hommes en se présentant comme le masculin qui leur parle sur un autre ton. Vous, vous faites pareil : vous cherchez à parler aux femmes sur un autre ton. A parler à une autre vision de la femme.
Je suis complètement d’accord avec ça : on est des femmes mais on est aussi des hommes. J’ai d’ailleurs pensé Diva comme un magazine qui pourrait aussi intéresser les hommes. Tout le couloir d’info du mag est aussi accessible aux hommes parce que la musique ça parle à tout le monde. Et c’est aussi pour ça qu’on parle de musique.
Qu’en pensent les rockers purs et durs ?
J’ai parlé avec Patrick Eudeline et Franck Black et ils adorent le concept. Ils sont tous contents parce qu’on n’est pas non plus en train d’appeler au boycott de la bière et des clopes pour revendiquer plus de strass, de paillettes et de rouge à lèvres dans le rock ! On dit juste qu’il y a une autre manière de parler de la musique parce que cette industrie a globalement changé, de même que celle de la mode. Les femmes en ont marre de lire des magazines féminins où les articles sont des dossiers de presse remâchés et où ils se ressemblent tous d’un féminin à l’autre.
Via la musique, si je vous suis bien votre idée c’est donc d’apporter un supplément d’âme dans le monde du féminin. C’est ça ?
Si vous voulez ! Moi j’adorerais qu’on apporte de l’esprit dans le monde des magazines féminins et de l’esthétique dans le monde des magazines musicaux. Parce que moi je vois Diva comme la rencontre des Inrocks et de Vogue.
Votre équipe ne comporte aucune plume du sérail de la presse rock…
C’est vrai, la plupart de nos journalistes ne sont pas connus pour être des journalistes musique. Mais il n’y a pas d’école de journaliste musical, c’est l’intérêt qu’on porte à la musique qui fait qu’on est bon ou pas. Par exemple Pierre Mathieu est connu en tant qu’animateur télé mais sa passion première c’est vraiment la musique. D’ailleurs il est assez connu pour son Myspace où il tient un agenda de toutes les soirées et de tous les concerts. Du coup c’est le Tintin de la nuit de Diva (rires) !
A propos de nuit, y aura-t-il des soirées Diva, des compiles Diva, un site Diva ?
Tout ça est en cours. On va faire des choses avec le Social Club. On va tisser des partenariats avec tous les événements qui nous correspondent et on se rend compte qu’il y en a beaucoup parce que voilà toute l’industrie de la musique avait déjà surfé sur cette vague féminine et il ne manquait plus que les médias suivent pour que les choses s’enclenchent. Diva n’en est donc qu’à ses débuts. Petit à petit il fait son nid (rires) !
Au fait, pourquoi ce nom, Diva ? C’est quoi pour vous une Diva ?
C’est une question que je pose beaucoup aux artistes. Par exemple quand j’en ai parlé à Adele elle m’a dit : "Pour s’imposer tout musicien doit être une diva." J’ai beaucoup aimé sa réponse parce que ça veut dire qu’une diva ça peut tout aussi bien être un homme. Nous d’ailleurs on avait fait des essais de covers Tricky. Une diva c’est juste quelqu’un qui a des convictions et qui est parfois obligé de jouer des coudes pour les affirmer. Lorsqu’on va shooter un artiste, il y a beau avoir 5 maquilleurs, 5 coiffeurs et toute l’équipe journalistique dans la pièce, la diva on la reconnaît tout de suite. C’est quelqu’un qui dégage quelque chose en plus. Une diva, c’est ce que j’aimerais être !
Sorti début mars, "le premier féminin musical" a reçu un accueil chaleureux en kiosque, notamment sur Paris. Pour ma part je suis en froid avec leur postulat. Parce que Diva assimile rock et mode. Je me demande : va-t-il encourager l’industrie à produire des Micky Green en série ou va-t-il inciter les femmes à lire un féminin moins con-con que la moyenne ? Essayant de réfréner tant que possible l'Eric Zemmour qui siège en moi, je suis allé cuisiner Marie Chabanis, rédactrice en chef de ce bimestriel. Interview guerre des sexes ?
"on n'appelle pas au boycott de la bière et des clopes"
"une Diva peut tout aussi bien être un homme"
Bonjour Marie Chabanis. Alors dites-moi, quel est l’intérêt de lancer un "féminin musical" ?
C’est lié à l’évolution de l’économie de l’industrie de la musique. Les femmes ne se sentent très mal servie en matière de presse musicale, elles ne comprennent pas, pour elles ça ressemble trop à des catalogues de sorties CD. Or ce sont elles les plus grosses acheteuses de disques et de magazines et il y a de plus en plus d’artistes féminines. Avec d’autres gens on a donc senti un vrai besoin des femmes d’être informée différemment sur la musique.
Vous avez fait un sondage pour vous en assurer ?
Bien sûr, après avoir eu cette idée on a fait faire une étude de marché. Elle nous a d’ailleurs dit que notre lectorat était les 15-35 ans. Perso, j’aurais même poussé à 15-40 car aujourd’hui la femme de 40 ans en a 20. Et puis après les trois mois de travail qu’il nous a fallu pour faire notre premier numéro, on l’a testé auprès d’amis travaillant dans des radios et des maisons de disques et ils me le disaient déjà : "Génial, enfin un média qui va s’intéresser à l’acheteur principal : la femme."
Vous dites que les femmes ne comprennent pas la presse musicale existante, pourtant j’en connais qui lisent volontiers Les Inrocks…
Bien sûr, d’ailleurs j’en suis et je trouve que ça reste une super référence, très pointue, mais justement pour cette raison les lectrices le trouvent particulièrement masculin. Nous on essaie d’être plus populaire, moins élitiste.
Vous n’allez pas tenir de discours critique sur la musique ?
On ne fait pas de critique parce qu’il y a tellement d’artistes à défendre qu’on préfère parler de ceux qu’on aime. Surtout que parfois la critique se trompe. Je me souviens que des magazines musicaux ont sévèrement critiqué des albums a leur sortie alors qu’ensuite ce sont devenus de grands succès, je pense par exemple au Stairway To Heaven de Led Zeppelin. Par contre, et ça je pense que c’est un côté plus féminin, on prend du temps avec les artistes, on passe des journaux entières avec eux, on les habille, on fait notre séances photos, on ne prend jamais les photos des maisons de disques. C’est aussi pour ça qu’on fait un bimestriel, parce que tout ce travail d’image prend du temps. Et c’est très important l’image dans la musique parce qu’avec la mort du CD il y a un retour à la scène et aux codes vestimentaires. L’autre raison c’est que je ne vois pas trop l’intérêt d’être mensuel parce que je ne crois pas trop à l’idée d’actualité en musique. Quand j’achète un album, je ne le jette pas au bout d’un mois.
Mais vous n’avez pas l’impression que vous assimiler la musique à de la mode ?
Vous voulez dire qu’on dévalue la musique ? Dire ça, ce n’est pas gentil pour la mode (rires) !
Ce n’est surtout pas gentil pour la musique.
Je place les deux sur le même plan donc je ne peux pas vraiment à cette question ! Mais non je ne pense pas que cela dévalue la musique. En travaillant au jour le jour avec les artistes et le monde de la musique je vois qu’ils n’attendent que ça de travailler plus avec les gens de la mode. On essaie de trouver le bon équilibre entre mode et musique et ce n’est pas facile parce que c’est deux mondes qui se côtoient depuis toujours mais qui sont pourtant très différents. D’ailleurs en ce moment tout le monde surfe sur cette tendance.
Effectivement. Les Inrocks viennent de sortir un hors série "Les filles du rock" et multiplie les couv "rock et mode". De leur côté les féminins multiplient les articles et les séances photos sur les artistes les plus glamour. Aussi, fait notable, après 7 ans de distribution gratuite dans les lieux branchés de la capitale le magazine Modzik vous a devancé de peu en sortant en kiosque, au même prix que vous d’ailleurs (4 euros). Tous les deux vous êtes clairement sur le même créneau qui consiste à féminiser le landerneau rock l’associant le plus possible à celui de la mode.
Tant mieux si Modzik fait la même chose que nous, parce qu’il existe plusieurs magazines musicaux donc je ne vois pas pourquoi il n’existerait pas plusieurs féminins musicaux. Donc voilà : "Longue vie à Modzik aussi !"
Mais dans tout ça, je veux dire, le "danger" n’est-il pas de considérer la musique et le rock comme un simple argument marketing, le vernis tendance ultime ?
Je ne sais pas, c’est réversible. On peut aussi bien dire que la mode est devenu le vernis tendance du rock. Parce que la musique a beau avoir un côté plus profond, les musiques aussi passent et reviennent, comme la mode. Par exemple on voit bien que le retour du folk passe aussi par un gros côté mode. Je pense donc que l’un sert l’autre. Et c’est pour ça qu’un magazine comme Diva existe. On met la musique et la mode sur le même plan en se disant que l’un va servir l’autre parce qu’on est dans un monde où les gens consomment souvent les deux. Par exemple, dans la rue on sait facilement qui écoute quoi en regardant ses fringues et ça ce n’est pas nouveau, il y a 15 ans moi j’étais Curiste !
Vous dites que vous passez du temps avec les artistes, mais je n’ai pas lu d’articles fleuves dans Diva…
La dure réalité de la maquette nous oblige à couper un peu les articles, mais on essaie d’enlever le superflu pour ne garder que l’essentiel. D’ailleurs chez nous contrairement à ce qui est pratiqué ailleurs, le calibrage des articles est décidé une fois que l’interviews a été faite comme ça on peut réagir en conséquence de ce qu’on a obtenu. Et puis, dernier point, on pourrait nous taxer de faire un magazine musical pipole, mais ce n’est pas du tout le cas parce qu’on parle autant des têtes d’affiches que des débutants. Mais c’est sûr que lorsqu’on rencontre un artiste qui a déjà une longue carrière derrière lui comme Franck Black il a logiquement plus de choses à raconter. Dans ce cas on fait une double page. Franck Black, on aurait pu rester 15 jours à discuter avec lui.
De part son éditorial et sa maquette Diva est assez "girly". Une femme ce n’est pas forcément "girly"…
Diva n’a pas été pensé pour être girly, il a été pensé comme un féminin, c’est-à-dire un mag qui parle de tout ce qui intéresse les femmes et toutes les femmes aiment la mode et la musique. Girly, je ne sais même pas ce que ça veut dire, je n’avais jamais entendu ce terme. Mais après c’est sûr que tous les magazines ont tendance verser dans la caricature de leur lectorat donc c’est une bonne remarque et je ferai attention à ce qu’on ne tombe pas là-dedans.
Finalement derrière tout ça le problème c’est un peu de savoir ce qui est typiquement féminin et ce qui ne l’est pas. Dernièrement le GQ français s’est posé la même question pour les hommes en se présentant comme le masculin qui leur parle sur un autre ton. Vous, vous faites pareil : vous cherchez à parler aux femmes sur un autre ton. A parler à une autre vision de la femme.
Je suis complètement d’accord avec ça : on est des femmes mais on est aussi des hommes. J’ai d’ailleurs pensé Diva comme un magazine qui pourrait aussi intéresser les hommes. Tout le couloir d’info du mag est aussi accessible aux hommes parce que la musique ça parle à tout le monde. Et c’est aussi pour ça qu’on parle de musique.
Qu’en pensent les rockers purs et durs ?
J’ai parlé avec Patrick Eudeline et Franck Black et ils adorent le concept. Ils sont tous contents parce qu’on n’est pas non plus en train d’appeler au boycott de la bière et des clopes pour revendiquer plus de strass, de paillettes et de rouge à lèvres dans le rock ! On dit juste qu’il y a une autre manière de parler de la musique parce que cette industrie a globalement changé, de même que celle de la mode. Les femmes en ont marre de lire des magazines féminins où les articles sont des dossiers de presse remâchés et où ils se ressemblent tous d’un féminin à l’autre.
Via la musique, si je vous suis bien votre idée c’est donc d’apporter un supplément d’âme dans le monde du féminin. C’est ça ?
Si vous voulez ! Moi j’adorerais qu’on apporte de l’esprit dans le monde des magazines féminins et de l’esthétique dans le monde des magazines musicaux. Parce que moi je vois Diva comme la rencontre des Inrocks et de Vogue.
Votre équipe ne comporte aucune plume du sérail de la presse rock…
C’est vrai, la plupart de nos journalistes ne sont pas connus pour être des journalistes musique. Mais il n’y a pas d’école de journaliste musical, c’est l’intérêt qu’on porte à la musique qui fait qu’on est bon ou pas. Par exemple Pierre Mathieu est connu en tant qu’animateur télé mais sa passion première c’est vraiment la musique. D’ailleurs il est assez connu pour son Myspace où il tient un agenda de toutes les soirées et de tous les concerts. Du coup c’est le Tintin de la nuit de Diva (rires) !
A propos de nuit, y aura-t-il des soirées Diva, des compiles Diva, un site Diva ?
Tout ça est en cours. On va faire des choses avec le Social Club. On va tisser des partenariats avec tous les événements qui nous correspondent et on se rend compte qu’il y en a beaucoup parce que voilà toute l’industrie de la musique avait déjà surfé sur cette vague féminine et il ne manquait plus que les médias suivent pour que les choses s’enclenchent. Diva n’en est donc qu’à ses débuts. Petit à petit il fait son nid (rires) !
Au fait, pourquoi ce nom, Diva ? C’est quoi pour vous une Diva ?
C’est une question que je pose beaucoup aux artistes. Par exemple quand j’en ai parlé à Adele elle m’a dit : "Pour s’imposer tout musicien doit être une diva." J’ai beaucoup aimé sa réponse parce que ça veut dire qu’une diva ça peut tout aussi bien être un homme. Nous d’ailleurs on avait fait des essais de covers Tricky. Une diva c’est juste quelqu’un qui a des convictions et qui est parfois obligé de jouer des coudes pour les affirmer. Lorsqu’on va shooter un artiste, il y a beau avoir 5 maquilleurs, 5 coiffeurs et toute l’équipe journalistique dans la pièce, la diva on la reconnaît tout de suite. C’est quelqu’un qui dégage quelque chose en plus. Une diva, c’est ce que j’aimerais être !